samedi 30 mars 2013

Georges Candilis, au début

Si ce début d'année fut marqué très fortement pour ce blog par une influence venant de Perpignan et de sa manifestation Le Design s'expose, il n'en reste pas moins que nous devons poursuivre l'exploration du paysage par nos cartes postales qui continuent à nous révéler encore et encore de beaux moments passés et de beaux espaces en construction.
Regardez :



Non nous ne sommes pas aux émirats arabes unis, pas plus à Dubaï mais bien à Port Leucate. Ce grand désert qui s'ouvre sous vos yeux est celui de la côte pas encore construite mais déjà dessinée.
Ce qui est superbe dans ce moment de Port Leucate c'est bien les constructions de Georges Candilis posées sur le sol et inventant une trame, une sorte de nappe de Meccano à venir.
On devine parfaitement le principe de construction et d''urbanisme de l'architecte comme nous avions pu le voir déjà un peu ici.
Les très beaux et légers bâtiments déjà construits offrent couleurs, structures et modularité. On aurait sans doute voulu que cela soit mieux conservé et même d'une certaine manière aussi que cela soit le seul modèle constructif de Port Leucate.











La ville déjà au fond de l'image n'est plus la même. On sent bien que le modèle du premier plan ne sera que de courte durée.
Mais, pris en sandwich entre le centre commercial et les villégiatures on devine quelque chose d'essentiel pour Clément Cividino qui a su les remettre à l'honneur : les hexacubes !
Un champ d'hexacubes sur cette carte postale  SL !





On devine même les panneaux coupe-vent !
Et le pimpant et le joyeux des couleurs d'une époque qui regardait vers l'avenir se transmettent depuis les toits du centre commercial sur les voitures et sur les Hexacubes.
Port Leucate était belle d'un modernisme que Candilis avait su expérimenter. Il est grand temps maintenant de rendre hommage à cette expérimentation, de sauver ce qu'il en reste.
Il faut espérer qu'enfin la ville de Port Leucate se reconnaisse dans cette expérimentation. Comme le Havre, comme Royan, comme la Grande Motte, comme beaucoup de villes de ce type marquées fortement par des architectes et une histoire d'invention d'une ville, Port Leucate doit regarder sa naissance et ses rêves qui la fondent comme étant sa vraie histoire, son patrimoine.
Il faut faire revivre l'utopie de Port Leucate.

mercredi 27 mars 2013

Eveux, affreux doute

Voici une bien jolie carte postale du Couvent des Dominicains d'Eveux par Le Corbusier :



Ce morceau qui nous présente trois registres les uns sur les autres en laissant derrière eux le paysage superbe est un cliché de A. Caillon.
On comprend parfaitement ici que la construction de Le Corbusier se tourne et même se projette entièrement vers l'extérieur.
Offrant tour à tour les vides des piliers qui suivent la pente, les panneaux de verre aux verticales fines et les cellules des Dominicains qui, bien qu'encaissées (les cellules !), sont bien des petites machines à vivre l'air et la lumière tout en préservant pour chacune l'intimité.
Le noir et blanc magnifie ici le béton, laisse parler ses défauts, son grain, ses bavures. Le soleil est parfois un ennemi et déjà une toile accrochée à l'intérieur tente de faire barrage.


On notera que la carte postale n'a pas de nom d'éditeur et qu'elle demande de l'aide pour soutenir l'œuvre de le Corbusier qui est bien nommé comme architecte.
Dedans :



Toujours  Eveux, toujours le Corbusier, voici donc l'Autel du Saint Sacrement.
Quelle image !
On pourrait trop rapidement regretter l'absence des couleurs que l'on sait ici vives mais comment ne pas jubiler des nuances construites des gris, des blancs, des noirs !
Du quadrillage du sol au lisse du plafond découpé d'un cercle d'un blanc pur, toute la géométrie sacrée ici s'exprime, rayonne, s'ordonne.
Une fois de plus, le béton parfois abandonné à sa nature répond à des traitements de surfaces plus sophistiqués qui font jouer la lumière, tombant comme il se doit dans ce type de lieu, du ciel...
Il ne fait aucun doute que nous sommes devant une œuvre savante et calculée et j'ose, d'une certaine manière luxueuse.
De ce luxe dont savent, dans leur grande simplicité apparente, se parer les œuvres romanes.
On peut ainsi jouir de cet espace et le reconstruire grâce à l'œil à Mr Cellard. Le verso de la carte postale est aussi très beau à sa manière.



Il comporte un énorme tampon dessiné d'un détail du tympan du couvent, dessin dont la belle limpidité vient jouer contre des cercles au crayon qui tentent la construction d'un rosace dont j'ignore la raison de sa présence.
Mais ainsi tracée, la figure géométrique malhabile semble bien chercher au dos de cette image une correspondance poétique. On notera que la carte postale est datée de 1963.
Un doute :



Cette carte postale Combier fut d'abord intitulée par l'éditeur centre Saint-Dominique "la Tourette" à Eveux. Puis, un tampon rageur bleu est venu par-dessus imposer C.L.A.R. I.A : Centre Lyonnais d'Accueil et de Rencontres Internationales de l'Arbresle.
Le lieu a donc changé de fonction ou au moins de nom.
Mais où se situe-t-il vraiment ? Il ne fait pas de doute qu'il ne s'agit pas d'un détail du couvent de Le Corbusier. Enfin... je crois... Serait-il situé sur l'ancien lieu du couvent ? C'est bien ce que pourrait laisser percevoir le reflet dans la vitre.
Mes recherches de localisation et surtout d'architecte ne me permettent pas d'être plus précis. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une œuvre de Le Corbusier mais bien plus d'un beau suiveur car l'image nous montre un beau bâtiment dont certains détails et l'appréhension générale font bien penser à Corbu.
Monsieur Wogenscky aurait bien pu dessiner cela ?
Quel aficionado de Corbu viendra à ma rescousse ?

lundi 25 mars 2013

Maisons d'architectes et d'architecture en Bretagne

Gwenola Coant de la Maison de l'Architecture et des Espaces en Bretagne nous fait la joie de nous envoyer les nouvelles cartes postales éditées à l'occasion du Prix de l'Architecture en Bretagne. On retrouve tous les principes de l'édition précédente et la qualité des éditions est encore une fois superbe.
Pour ce qui est de l'architecture, je vous laisse juges tant les propositions sont variées même si, allez ! je m'autorise à mon tour, et au vu seule des images, à préférer cette carte postale :



Il s'agit d'une réhabilitation d'une maison individuelle à Rennes par  les architectes Onzième étage et Paul-Eric Schirr-Bonnans. Cette réalisation a reçu le Prix Architecture Bretagne 2012 dans la catégorie "réhabiliter". On notera que la photographie est des architectes eux-mêmes et pas de doute qu'ils ont donc dû penser leur image comme une image aussi de communication. Ce qu'on voit est exactement ce que les architectes veulent que nous voyons !
Regardez comme ils ont placé le reflet des pavillons d'en face dans les fenêtres de leur réalisation ! J'aime tout particulièrement l'effet très dur de ce bloc noir sur ce pavillon.
Bravo à eux !
Nous reste à remercier Gwenola Coant et à travers elle, la Maison de l'Architecture et des Espaces en Bretagne pour ce bel envoi et cette belle édition. On notera que le graphisme est de Vincent Menu.
Et les autres ?
Les voici !


Vert Buisson, 25 maisons à Bruz. Coop Habitat.
Anthracite 2.0 Atelier Parallèle, Gicquel, Jolivet et Sourimant-Guyot
photo Stéphane Chalmeau


Siège Biotrial
Laboratoire de recherches et d'analyses pharmaceutiques à Rennes. SCI Biomed, Agence d'architecture et d'urbanisme, Jean-Pierre Meignan.
Photo Benoît Gilbert


Centre de formation d'apprentis à Quimper
CFA de Quimper
Atelier ARCAU
photo Hervé le Reste


Maison individuelle au Minihic-sur-Rance
Bailleul et Plessis architectes


Maison individuelle / Maison 419
à Pléneuf-val-André
NUNC Architectes / Pierre Béout


Les rives de Champalaune / 32 logements à Pacé
Archipel Habitat OPH de rennes Métrople
François Rénier


Maison du Livre et Office de Tourisme
Réhabilitation et rénovation à Bécherel
Jean-François Golhen architecte
photo Stéphane Chalmeau



Ilot commercial du chapeau rouge à Quimper
SDERIP (SCCV du chapeau rouge)
Groupe 6 / Mark Wilson
photo Boegly



Site Kervenanec
opération de renouvellement urbain à Lorient
Cap Lorient agglomération habitat
DDL architectes - Yoann le Corvec
photo Miara Patrick


Institut de Génomique Marine à Roscoff
Université Pierre et Marie Curie
Barré-Lambot architectes
photo Philippe Ruault

dimanche 24 mars 2013

Royan par la rue





Alors que je montrais à Thomas Dussaix les deux cartes postales de Royan qui précèdent, celui-ci réussit en un coup à ouvrir leur cadre simplement en comprenant qu'il était possible de les coller.



En effet, il ne fait aucun doute que L.Chatagneau, l'éditeur (et peut-être le photographe) a fait les deux clichés en décalant simplement son appareil photographique. Une fois, il se tourne vers le carrefour et vers l'église qui pointe au fond, une autre fois il pointe vers la poste, l'auditorium et la galerie Botton !
On peut même mesurer le temps écoulé entre les deux images en regardant l'horloge de la Poste : une demie minute à peine.



Les cartes postales permettent ainsi de comprendre l'articulation du plan d'urbanisme et de saisir l'importance de la Poste de Mr Ursault comme objet architectural déterminant ici une fluidité, un mouvement, une circulation. Tout cela est bien contrarié par l'épouvantable nouvelle Poste qui a ruiné cette légèreté.
On a, en quelque sorte, posé un poids lourd sur le rond-point.
Mais la rue à Royan c'est aussi cela :



La carte postale Berjaud fut expédiée en 1956 à 19h...
Quelle carte postale !
La ville de Royan est toute neuve et regardons quelques détails qui nous le prouvent.
On s'amuse aussi d'un détail : les piétons sont bien plus nombreux sur le trottoir de gauche que sur celui de droite... Le soleil devait taper fort et les arbustes ne pouvaient pas encore fournir l'ombre blanche nécessaire.









samedi 23 mars 2013

Si belles halles, Sidi Bel Abbes



Un lieu extraordinaire, une œuvre majeure sans doute : les halles de Sidi Bel-Abbes.
La carte postale C.A.P nous montre cette merveille encore en construction. Quelle coupole ! Et quel dessin !
On y reconnaît quelque chose de Guillaume Gillet à la Guérinière à Caen, quelque chose de fatal, de nucléaire, de brutal, presque de religieux.
Car, ce qui pourrait finalement n'être encore qu'un exploit constructif, un génie civil sans autre pouvoir que la réalisation d'un rêve technique est ici débordé par la maîtrise des liaisons des volumes, un sens complet d'un objet certes spectaculaire et voulu ainsi mais qui dans tous ses détails nous dit un travail consciencieux et sculptural.






Bref, l'exemple parfait de ce que nous défendons ici et que, une fois encore, le photographe de la carte postale sait rendre.
La friche du sol au premier plan qui, si elle ne permet pas une approche de la construction, lui laisse son caractère perdu au milieu du chantier et en tire toute la poésie de ce moment où la terre labourée et inconsciente à son changement donne encore à voir sa boue, son sable, sa caillasse.
Puis vient le superbe monstre de béton, ses lignes arc-boutées et civilisées qui prennent le blanc du ciel et mangent le reste de la ville. La collerette géante enserre bien la coupole et sa finesse permet à l'œil de comprendre en quelque sorte sa légèreté. Le noir et blanc sert ici parfaitement l'image.
Non mais quelle image ! Quelle architecture !
Merci Monsieur Mauri, architecte et merci messieurs Pelnard Considere et Caquot, ingénieurs !
Que j'aimerais entrer dans cette halle !
Et encore :



La colorisation douce et nostalgique de cette carte postale des éditions Alexandre Sirecki ne laisse rien perdre de la force des halles.
On comprend même un peu mieux la beauté des différentes parties et leur dessin singulier. Regardez le très beau volume qui fait office de portique, regardez le dessin de sa façade.



Le marché fut publié deux fois dans Architecture d'aujourd'hui ce qui prouve sans aucun doute ses qualités constructives et esthétiques !
Je vous propose quelques extraits qui vous donneront bien mieux que je ne saurais le faire les explications techniques de ces halles.
Les numéros d'Architecture d'aujourd'hui sont le 60 et le 64 de 1955 et 1956.