mardi 30 avril 2013

des halles en France : in extremis.

A Vitry-le-François, quand un éditeur de cartes postales veut montrer les halles reconstruites après les bombardements de la ville, il choisit de nous montrer ça comme ça :



Et il a raison car la grande beauté de ces halles tient bien à ce beau dessin du réseau de nervures de béton de sa charpente.
L'ensemble reprend bien pourtant une forme traditionnelle celle d'un toit posé sur des piliers mais le génie c'est bien d'avoir fait de son intérieur un spectacle. La structure ainsi révélée ou du moins laissée ouverte au regard offre toute la solidité de sa poutraison.
Ne dirait-on pas les belles nervures d'une feuille végétale immense ?
L'éditeur Combier nous signale que Vitry-le François fut "Ville Martyr totalement détruite par les bombardements Allemands en 1940" Mais ne nous donne pas le nom de l'architecte de ce bijou moderne. C'est dommage.
Dernière minute ! Dernière minute ! 8 juillet 2019
vous trouverez le nom des architectes ici :
https://archipostalecarte.blogspot.com/2019/07/modernite-adoucie-reconstruction.html
Mais à Reims :



La carte postale des éditions Graff et Lambert nous donne bien le nom de l'architecte de ces halles qui viennent d'ailleurs d'être réhabilitées. Elles sont simplement splendides. Nous les devons donc à E. Maigrot architecte. Vous trouverez toute son histoire ici.
On voit aussi que certaines villes savent aimer leurs architectures de béton même si Reims a laissé détruire la Rafale à la Croix-Rouge qui aurait sans doute été un autre Patrimoine à aimer et sauver et que, le centre commercial du Tinqueux par Claude Parent architecte, dans cette même ville de Reims a été saccagé sans histoire...
Il est parfois difficile de savoir pourquoi l'un et pourquoi l'autre...
Sans doute que la protection au titre des Monuments Historiques des Halles de Mr Maigrot situées de plus, en centre ville aura permis sa sauvegarde. Pour ce qui est de la petite banlieue de Reims, on laisse faire. On imagine pourtant bien comment la Ville avec ces trois constructions aurait pu faire valoir cette architecture et l'inscrire même dans une forme de tradition...Trois édifices de béton, trois constructions commerciales, trois chefs-d'œuvre dont deux irrémédiablement détruits qui formaient une sorte de musée à ciel ouvert de l'architecture de béton à Reims et en France. Et j'ai bien peur que ces destructions soient " la partie visible de la stratégie d'aménagement à l'échelle de notre métropole" de Madame Hazan maire de Reims comme elle l'affirme dans le document...
C'est une gestion bien particulière, c'est au moins, une méconnaissance du patrimoine de sa ville et une chance, une opportunité perdue à jamais.
Cela on ne doit pas l'oublier, on ne l'oubliera pas.
Et n'oubliez pas le beau combat de nos amis pour sauver la halle d'Esquillan, architecte à Fontainebleau.


jeudi 25 avril 2013

Les horizons du Havre

 Pour voir une ville, il faut parfois s'en éloigner.



Cette carte postale de la Société Nouvelle des éditions Bellevues, nous montre les gens bien plus certainement que la ville de Sainte-Adresse ou du Havre. Elle montre comment le bord de mer, la joie d'y vivre et de s'y promener relèguent la ville un peu loin, comme un horizon.



En fait, profiter de la ville du Havre serait en quelque sorte s'en éloigner, l'air de rien, en marchant la main dans la main en suivant la côte. Les enfants sont bien heureux, les jeunes couples se tiennent la main en traînant le petit dernier, les vieux fatigués sont assis et se régalent du spectacle des promeneurs.





On a de droite à gauche : la mer et l'horizon de la ville percé de la pointe de St-Joseph, les galets, la rambarde de béton qui sert aussi de banc public, la promenade bien remplie, les automobiles bien rangées et enfin, la rue. En quelque sorte : tout fonctionne.
Mais le Havre c'est aussi cette autre ville :



La carte postale Combier vise les bassins de la Citadelle et les petites cales sèches. Enfin c'est Mr Rancurel qui a visé depuis son avion !
Cette ville je l'aime aussi. J'aime le côté totalement hétéroclite de l'ensemble, la sensation de bazar des constructions, sensation que seulement quelqu'un comme moi ne connaissant rien à l'usage de ce lieu peut confondre avec un joyeux bordel ! Car, sans aucun doute, tout ici a un sens, tout ici est à sa place nécessaire. Il y a là pourtant de beaux objets architecturaux comme savent en faire les bâtiments industriels.



On se dit que l'époque, celle enthousiaste de l'après-guerre, pouvait aimer se reconnaître dans la part industrieuse de la ville tout autant que dans sa reconstruction du centre, tout autant que dans ça :



Cette carte postale dont la photographie est de Gilbert Fernez nous montre l'intérieur de l'église Saint-Joseph par Messieurs Perret et Audigier. On a chanté déjà cette merveille et on la chantera encore. On admirera surtout ici comment le cliché nous donne à voir aussi la puissance des piliers porteurs et de l'escalier qui monte dans la tour. La force de cet espace est bien aussi le passage d'un plan carré vers un plan octogonal et vers... la lumière. Quelle œuvre ! Sans doute l'un des plus beaux espaces construits en France et qui n'a rien à envier à la sculpture ou à la tectonique.



Une gourmandise ?
Comme souvent, lorsqu'on cherche dans les boîtes à chaussures des cartes postales on trouve d'autres choses et entre les cartes postales du Havre, il y a des chances qu'on trouve des photographies de ce type. Ces toutes petites photographies un peu jaunes sont émouvantes par leur qualité un rien pauvre mais tellement poétique ! On vient voir le Paquebot France partir du Havre et pour la première image, on a même la chance d'être sur le Paquebot. Cela devait faire partie de la promenade. Voir le port, le Paquebot, la ville neuve et son église et aussi voir la mer.
Il est flou France. Il part. Il annonce déjà sans doute le désenchantement.









Les amateurs retourneront sur le volume 1 de ce blog pour retrouver tous les articles sur Auguste Perret.

mercredi 24 avril 2013

Congo, initiales R. L.

On va aimer cette image :



Cette carte postale en noir et blanc est un très beau cliché ASSAEF. Elle nous montre le déambulatoire et le bras gauche du transept de Sainte-Anne-du-Congo à Brazzaville. Et, je ne sais pas pour vous, mais pour moi, j'ai un rien l'impression d'être dans un détail d'une œuvre de Gaudí. Quelque chose dans ce dessin d'ogive qui n'en finit pas, quelque chose dans l'ambition verticale de l'ensemble, quelque chose dans une rigueur presque fantasmagorique du dessin me font penser à l'architecte de la Sagrada Familia.
Pourtant nous sommes bien en Afrique et l'architecte de ce bel espace est Erell ou R. L., ou encore Errel comme l'écrit l'éditeur de cette carte postale. En fait il s'agit de Roger Lelièvre (donc R et L) architecte et résistant français ayant atterri en Afrique (France Libre) pendant la guerre. On trouve sur ce très beau site, Patrimoine-congo-brazzaville, tous les détails de cette aventure. Un site remarquable.
Mais ici, au-delà de la belle architecture et de sa réalité frappante, on admirera aussi cet art photographique. La lumière fait tout le travail pour marquer les volumes et laisse dans le vide du sol, dans l'absence de mobilier une sensation merveilleuse et bien étrange, expressive voire expressionniste. On remarque aussi que le cliché est un faux carré, un rien allongé mais qui laisse en bas de l'image une marge un rien chic !
Mais voyons une autre carte postale :



Cette carte que nous devons aux éditions Hoa-Qui (?) en mexichrome nous montre cette fois une représentation plus classique, presque parfaite à notre attente d'une carte postale. Certes on comprend mieux la forme de l'église Sainte-Anne-du-Congo mais la magie du précédent cliché nous manque. Pourtant, il est évident que cette église offre de vraies qualités architecturales qui tiennent en partie à la relecture des éléments traditionnels et d'une forme de pureté de dessin très dépouillé qui en font une œuvre singulière.  On pourrait presque y voir une sécheresse formelle que pourtant le choix des matériaux réchauffe sans doute. On trouvera que le stade vient un peu près de l'église... Stade qui serait l'œuvre également de Erell, Errel, R.L ou Roger Lelièvre...

lundi 22 avril 2013

Une incroyable menace sur une œuvre de Jean Prouvé !

Une fois encore ce blog se fait l'écho d'une menace patrimoniale d'une ampleur vraiment rarement égalée en France !
On a, en quelque sorte, jamais vu cela ! (si... malheureusement !)
Lorsqu'on sait la cote d'une malheureuse plaque de tôle du génial Jean Prouvé et le fétichisme qui s'y attache, on ne comprend pas très bien qu'une ville qui possède sur son territoire un Patrimoine de Jean Prouvé pense : 1- simplement le détruire 2- ne même pas connaître son Patrimoine (sont-ils à ce point incultes nos élus ?) 3- vendre les morceaux à un galeriste qui aurait bien pu les avoir gratuitement dans une benne 4- devant l'émotion suscitée par cette destruction, ne pas faire marche arrière 5- devant l'offre dudit galeriste (qui ne fait que son travail) ne pas se dire qu'il y aurait bien là... quelque chose d'important...
Un aveuglement à ce point c'est presque comique !
Et tout cela parce que le chauffage passe par les fenêtres ! Eh bien Messieurs et Mesdames les élus, il ne nous reste qu'à calfeutrer nos églises romanes et gothiques avec de la laine de verre et à doubler la façade de Versailles de polystyrène pour qu'enfin les normes soient respectées....
Alors où cela se passe ? En France, vous pouvez en être certain. Plus exactement à Le Gond Pontouvre en Charente... une école complète de Jean Prouvé, une école entière, oui vous avez bien lu ! Une œuvre d'une telle importance devrait depuis longtemps être protégée, aimée et défendue comme un élément important de cette ville par ceux-là même qui en sont les élus. Il ne doit pas y avoir d'élu à la Culture dans cette ville ou alors...
Combien de villes en France possèdent un tel Patrimoine ?
Alors, il va sans dire qu'il y a là encore un défaut de fonctionnement de défense de ce Patrimoine Moderne et Contemporain en France. Qu'une fois encore c'est la réaction citoyenne qui fait la lumière sur ce scandale et une fois encore dans l'urgence.
Monsieur le Maire de le Gond-Pontouvre, on ne sait jamais, peut-être n'avez-vous jamais lu ça :
http://www.jeanprouve.com/
ou ça :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Prouvé
Mais je vous conseille vivement de voir ça et de vous poser la question de qui doit profiter de NOTRE PATRIMOINE NATIONAL :
http://www.patrickseguin.com/fr/
Il n'est jamais trop tard pour ouvrir les yeux. Et à votre page "découvrir le Gond Pontrouve" si palpitante ajoutez donc votre école qui fera sans doute dans quelques mois votre fierté... enfin on espère...
Pour en savoir plus sur ce scandale :
http://www.charentelibre.fr/2013/04/12/gond-pontouvre-pleure-son-ecole-condamnee,1830605.php?fb_action_ids=130907897098252&fb_action_types=og.recommends&fb_source=other_multiline&action_object_map=%7B%22130907897098252%22%3A432907520127027%7D&action_type_map=%7B%22130907897098252%22%3A%22og.recommends%22%7D&action_ref_map=%5B%5D

Et remercions la presse régionale de s'en faire ainsi l'écho. Elle fait là son travail.

Et pour éduquer un peu tout le monde (et même certains élus charentais), voici une carte postale non pas de l'école de Gond-Pontrouve mais d'une autre œuvre majeure de Jean Prouvé signée avec Mr Novarina, architecte :



La carte postale nomme bien Mr Novarina comme architecte mais oublie le travail de Mr Prouvé. La buvette Cachat à Evian-les-bains est dans son oasis de verdure, du moins c'est ainsi que la qualifie cette carte postale des éditions CAP. On devine bien les structures de Mr Prouvé au travers des vitres. Et cette buvette, Mr le Maire, a reçu le LABEL Patrimoine du XXème siècle, elle est inscrite aux Monuments Historiques. Pourtant le chauffage doit bien aussi passer par les baies...
Et, parce que la famille Prouvé est une grande famille d'architectes et d'ingénieurs, voici une autre très belle réalisation cette fois par Henri Prouvé à Nancy :



Vous retrouverez presque le même point de vue sur cette belle tour dans cet article paru sur le Volume 1 de ce blog.
Vive la France !

des images de cette école ici :
http://archipostalecarte.blogspot.fr/2013/04/pour-une-ecole-jean-prouve.html

dimanche 21 avril 2013

Royan : la donation de Claude et Franck

Parce que l'actualité du Comité de Vigilance Brutaliste à Royan est toujours active et même... prolongée jusqu'au 5 mai, je profite de celle-ci pour vous montrer des cartes postales de la plus belle ville du Monde.
De plus, quand ces cartes postales vous arrivent par la poste et qu'elles vous sont offertes par des amis rencontrés à Royan lors du vernissage on ne peut pas se priver de ce partage.
Voici donc la Donation de Claude Laroche et Franck Delorme :



Comme un générique de film cette carte postale multiple nous propose trois vues de Royan et ainsi définissent la ville selon ces trois registres : la Conche, l'église, le port. Une édition Elcé, Chatagneau qui indique au verso "la carte postale de l'amitié". L'éditeur ne croit pas si bien dire !
Prenons le train :



Les éditions Europ nous proposent de visiter la ville dans un véhicule déguisé en locomotive ! Tchou tchou ! Le beau magasin rempli de jouets de plage installé sous le front de mer a disparu ! D'ailleurs ces magasins, véritables bazars de plage ne sont aujourd'hui que des souvenirs.
Et le boulevard Garnier :



Aller à la plage puis au Night Club le Jockey devait bien être le summum des plaisirs de Royan. Le ciel est beau et sur lui se pose le blason de la ville. Un archétype de la carte postale de Royan !
Redevenons piétons !



Autre boulevard ici le boulevard A. Briand. Le photographe des éditions Cap est un promeneur sensible au graphisme des jardins et des parterres de la ville. Pourquoi ne pas aussi à Royan aujourd'hui rejouer ces beaux dessins des années cinquante sur les plates-bandes ? Que sont devenus les lampadaires un rien Art Déco ? Au fond, on devine le marché.
Encore un dessin :



Eh oui ! Nous sommes bien sur la terrasse du casino disparu. On regarde le front de mer grâce aux éditions CAP.
Plus en ville :



Cette très belle vue vise bien évidemment Notre-Dame mais permet de percevoir également le bel immeuble Taunay de Louis Simon, architecte. Les toits plats et en monopente se mélangent aux toits en tuiles romanes. Notre-Dame domine tout le monde de son toit en double courbure ! Il s'agit d'une édition Iris qui nomme Guillaume Gillet comme architecte.
En couleur :



La carte postale Chatagneau nomme aussi nos géniaux bâtisseurs !
Messieurs Gillet, Sarger, Laffaille et Hébrard sont présent au dos de cette carte qui nous montre Notre-Dame dans sa fierté, debout, sereine, solide dans son audace.
Mais la nuit tombe sur Royan :


Cette carte postale est tout simplement inédite dans ma collection ! Le Palais des Congrès de nuit révèle le jeu de son éclairage et donc de son architecture. On s'interroge sur ce néon qui courait tout le long de la façade et on se demande quelle était sa couleur ? Blanc sans doute pour soutenir le rouge qui était peint sous l'auvent ?
Cela devait être bien beau et moderne ! La carte postale Cap nous propose là un beau document. Quelle image !
Mais reprenons la route pour l'ïle d'Oléron :



Dans la Dauphine gris métal lancée à pleine vitesse, Franck, Claude et le Comité de Vigilance Brutaliste s'en vont pour d'autres aventures, vers Pauillac pour fêter le futur classement de son club nautique, vers les plages pour vivre enfin la beauté radicale des bunkers.
Il est temps de les remercier tous deux de cette belle donation.
Merci.

jeudi 18 avril 2013

Claude Parent en revue

Poursuivons l'exemplaire de Maison et Jardin de février 1958 qui nous a déjà donné la joie d'un article sur Royan. Il se trouve que ce numéro nous permet également de voir un projet réalisé par Claude Parent qui est bien d'actualité car il s'agit de récupérer de l'espace dans la ville.
Le projet de maison prend donc la place sur des... garages !
Et même s'il ne s'agit pas de carte postale, la place que nous accordons à l'œuvre de Mr Parent sur ce blog permet bien ce petit écart !
On admirera tout particulièrement le jeu sculptural de la façade, les inventions d'espaces qui font de l'architecte un designer. L'intelligence des solutions est partout présente pour une vraie plasticité. Les amateurs reconnaîtront une sculpture d'André Bloc posée devant la construction, sculpture dont on retrouve une copie à une plus petite échelle posée sur une étagère. Le mobilier absolument année 50 nous fera aussi rêver ainsi que le jeu subtil des couleurs posées dans l'appartement de Nicole Parent, sœur de Claude.
Alors, bonne lecture et belle visite !





















mercredi 17 avril 2013

Royan côté passager

Souvent nous nous amusons des cadrages spécieux de nos amis photographes de cartes postales. Souvent avec vous, je m'interroge sur la raison de l'apparition dans leur cadre photographique d'éléments incongrus et étranges.
Mais s'il est une chose que l'on voit peu dans les cartes postales finalement, une chose pourtant qui souvent pollue les yeux devant nos architectures c'est bien l'automobile. C'est sans doute aussi pour cette raison que nous avions édité une série de cartes postales des Hauts de Rouen vues au travers du pare-brise de la Twingo.
Mais voilà :



Royan est encore une fois le lieu de cet étonnement !
Le Palais des Congrès dans sa toute prime jeunesse et même encore en chantier est cadré par le photographe des éditions Berjaud sans vergogne avec des automobiles de l'époque !
On pourrait y voir un défaut même un scandale !
Pourtant... Comment ne pas y reconnaître un trait d'époque ? Comment ne pas comprendre cette certitude que le design tout en courbes des automobiles d'alors venait bien ici faire jeu avec la belle géométrie du Palais des Congrès ?
Car l'aile d'une Frégate Renault, l'avant d'une Simca ou la moitié d'une populaire 2cv font des vagues métalliques sur le premier plan.
Et alors !
L'époque est ainsi, les autos sont là. Vous pourriez me dire que le photographe pouvait bien se mettre les autos dans le dos et aurait eu assez de recul sur le Palais des Congrès en construction. Oui, sans doute.





Mais justement... Regardons mieux ce chantier. Il semble bien que c'est lui que le photographe semble atténuer avec les autos en camouflant au mieux le désordre des tas de terre, des tuyaux et des trottoirs pas encore achevés. Il est malin le bougre !
Et nous aussi ! La plaque des architectes n'est encore posée. Sur l'hôtel en face, les vitres ont encore leur peinture et la pluie a laissé une flaque sous la 2cv. Regardons au travers des vitres des autos, cadrons ainsi ce moment de Royan comme ont dû le voir tant et tant de visiteurs de la ville en reconstruction. Combien de derniers regards portés sur la mer et les vacances au travers de ces vitres automobiles ? Combien ? Des milliers, je vous dis. Des milliers.











mardi 16 avril 2013

Pontcharra Pinsard

Comment ne pas comprendre à la vue de cette église de Pontcharra dans l'Isère que l'architecture religieuse et sacrée de la deuxième moitié du XXème siècle a produit en France un registre architectural d'une grande audace, d'une grande qualité et surtout d'une évidente préoccupation programmatique:



On ne peut que souligner le travail de Pierre Pinsard, son architecte.
Une forme simple mais robuste, juste ouverte par une fente noire porte quelque chose de sérieux, de fort et même d'un rien sévère. Mais où cette sévérité serait sans doute repoussante, il suffit d'ajouter un signal sculptural, un campanile au dessin absolument magnifique pour que la construction passe du statut d'un petit hangar gris à celui d'un chef-d'œuvre de géométrie et d'ordonnancement spatial. Cubes sur cubes, ombres projetées, colorimétrie mesurée font une masse presque fictionnelle et mystérieuse.
C'est sourd comme une puce électronique posée là pour animer le cœur.
La carte postale La Cigogne malheureusement ne nomme pas l'architecte, ni le photographe qui a posé l'église de Poncharra sur un socle de terre battue et un muret de pierres sèches, ce qui accentue encore le contraste avec le reste de la ville.
On sait également que nous devons en partie à Mr Pinsard cette autre architecture sacrée emblématique et puissante.

mardi 9 avril 2013

Royan : Maison et Jardin

Pour faire rêver les amateurs de vieux papiers sur Royan, pour faire saliver les conservateurs de musée, pour amadouer les animatrices et les animateurs de la Ville de Royan (suivez mon regard), pour rendre jalouse la chargée à la Culture de la plus belle ville du Monde, je vous propose de vous installer confortablement dans une chaise longue en toile, à l'ombre blanche d'une cabine de plage en toile rayée et d'ouvrir le Maison et Jardin de février 1958...
Et dès la couverture ça démarre fort !


























Notez les cannes à pêche accrochées au plafond !





Je vous avais prévenu ! On notera l'excellence de la mise en page, la qualité irréprochable des photographies mal rendues par mon scanner. On notera donc que l'architecte Yves Salier a aussi dessiné une partie du mobilier.
Lorsqu'aujourd'hui on passe devant cette merveille, on voit sous les piliers un bar (?) installé dans un capharnaüm qui se veut  à la mode. Le mauvais goût total de ceux qui occupent ces lieux confine à l'insulte de l'héritage... On est bien loin du génie de l'espace, de la grâce d'un dessin pur, du vide superbe ayant compris que d'abord la décoration et l'architecture ne se marient bien que dans une intelligence des formes ce qui n'est apparemment pas donné à tout le monde.
Enfin... Il est donc temps de protéger, d'aimer, de redécouvrir ces lieux superbes. La ville poursuit son effort. Soyons tous vigilants avec elle.
Nous verrons les jours qui viennent que cette revue comporte encore quelques surprises non plus royannaises mais tout aussi passionnantes !
Et pour revenir aux cartes postales, surtout pour redécouvrir le détail de cette maison en construction ici :

La carte est une édition Berjaud expédiée en 1955 dont le cliché est de Grafouliere.