lundi 8 avril 2013

Malléable béton

Dans deux époques, dans deux lieux, dans deux cartes postales, le béton s'exprime.
Il exprime ses capacités à réaliser des gestes et des courbes, à jouer de références végétales et constructives. Il se joue, à l'œil, de sa dureté.
Il est malléable et puis... il durcit.
Aujourd'hui rien que nous ne connaissions pas déjà mais deux images saisissantes aussi par (je trouve) leurs ressemblances.
Les éditions Estel nous offrent ça :



Cette superbe carte postale de la Basilique Sainte-Thérèse de Metz par Mr Expert son architecte. La carte postale fut expédiée en 1966. La flèche n'est pas encore construite mais cela, étonnamment, ne retire rien à son élan et à la manière dont la courbe de son entrée semble ne pas finir. Si on évoque souvent un rationalisme lyrique pour Royan, on peut bien le faire aussi ici. La référence au gothique dans cet arc-boutant infini et surtout qui dans une sorte de chemin de grue se multiplie pour former le corps du bâtiment est évidente. Il n'y a pas de croisée d'ogives mais bien la citation en façade de ce dessin si particulier d'un arc brisé. C'est son ambition. On regrettera sans doute que les bas-côtés ne tombent pas directement au sol. Allez voir ça à Metz.
Allez voir ça à Javea-Aduanas del Mar :



D'une incroyable expressivité, cette "Parroquia Santa Maria de Loreto" a déjà eu l'honneur d'une publication. Les architectes seraient (attention !) : F. Martinez Garcia-Ordonez, Juan Maria Dexeus Beatty, José Manuel Herrero Cuesta et Claudio Gomez Perreta, ingénieur. Ils formeraient le groupe G. O. D. B. Vous trouverez ici des images et même des plans de cet édifice que pour ma part, je trouve superbe.
Bien évidemment tout est dans ce jeu de piliers en forme d'arbres ou de branches qui traversent le corps de l'église évoquant à l'envi une couronne d'épines ou une forêt.
Là encore le béton dans son alternance de finesse et de fermeture se joue de son aspect. A la fois permettant des audaces de finesses à la limite visuelle d'une rupture, les architectes nous le donnent aussi à voir comme un matériau idéal à l'obstruction. Cette possibilité et cet écart fondent aussi sans doute le plaisir à entrer dans l'édifice et de le voir si clair, lumineux.
En deux églises, deux traitements différents du béton et pourtant une certaine cohérence plastique.
C'est déjà bien.

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