samedi 30 novembre 2013

Mexico : le savoir en construction




On peut dire qu'il y a de bien belles cartes postales pour de bien belles architectures.
Je veux ce matin vous montrer deux exemples. Nous irons pour ce faire à Mexico et plus précisément à la " Ciudad Universitaria" voir comment cette ville s'est dotée de l'un des plus beaux ensembles universitaires de l'Amérique Latine.
On commence :



Cette carte postale est simplement exceptionnelle par l'objet présenté et par le moment. Nous sommes devant la tour du rectorat de l'université de Mexico au moment de sa construction, la tour est en effet encore en chantier. Le point de vue de côté permet sans doute au photographe de ne pas trop montrer le chantier et les échafaudages que pourtant on devine facilement ici :





Quel beau dessin que ce volume brisé en son premier tiers par un étage intermédiaire !
La carte postale sans éditeur et sans photographe est datée de 1953 ! Quelle modernité !
J'aime aussi beaucoup comment l'éditeur place le titre de son image tout contre le personnage qui passe là, devant la tour. Dans un numéro de mars 1951 de l'Architecture d'Aujourd'hui, on trouve une description de la future construction. On y trouve aussi le nom des architectes : Mario Pani, Enrique Del Moral et Salvador Ortega.
Mais l'une des icônes de cette université de Mexico reste sa bibliothèque :



Ce volume recouvert entièrement d'une fresque explosive est bien le lieu des livres !
Je me réjouis chaque fois de ce mystérieux labyrinthe de signes, de sa densité et de son opacité. Tout en haut une main porte un livre ouvert. J'aime cette main.









Et l'architecture transformée ainsi en un précieux coffret décoré me fait rêver à un pays où les signes rejoignent les écrits, où les monstres dans les pierres, les peintures sur les murs, fondent un imaginaire qui descend dans la ville. Les étudiants doivent bien travailler ici, et surtout ne pas oublier la part magique de la connaissance.









mercredi 27 novembre 2013

Royan par le menu détail


En entrant dans cette carte postale des éditions Combier expédiée en 1960, nous allons suivre quelques étapes importantes de la plus belle ville du Monde.
Et, on regrettera une fois encore, que les avions qui survolèrent Royan, ne soient pas descendus plus près, n'aient pas largué leur photographes pour qu'ils puissent faire des photographies bien plus serrées des sujets en question.
Le chantier sur les cartes postales est bien un sujet évité. On y aime mieux la silhouette plus générale d'une ville reconstruite.



Au loin, dominant déjà la ville, Notre-Dame de Royan affiche bien sa grandeur et son ambition de relever la cité après les bombardements. Elle occupe bien le haut de la carte postale et son clocher en travaux vient frôler le bord dentelé de la carte postale. On devine les échafaudages, on devine cette forme plus sombre au-dessus de la blancheur de la ville. Je m'imagine bien, suivant les ouvriers, monter dans ses échafaudages et voir à mes pieds celle qui m'offre tant et tant de joie prendre son bain de lumière.
Je serais bien monté aussi sur une autre grue, celle-ci :



À l'extrémité droite de la carte postale, le Casino de Royan est en construction lui aussi. On devine que la rotonde n'est pas encore achevée mais sa forme générale est bien existante. Je crois voir depuis mon point de vue, Monsieur Ferret, ses plans à la main, sourire aux lèvres, regardant son chef-d'œuvre prendre la place qu'il méritait dans l'histoire de l'architecture en France. Et si, aujourd'hui on sait que la reconstruction du Casino est en projet, il manquera toujours Monsieur Ferret pour suivre à nouveau ce chantier. Parfois, monter dans les grues, si haut, cela donne une sorte de mal de l'altitude qui produirait selon certains médecins des délires...
Beaucoup plus solide et toujours présent :



Ici, on devine bien le bunker qui est encore visible sur le port. Masse superbe, masse sourde et secrète qui mériterait sans doute de figurer dans la liste des constructions à protéger à Royan. Il faudrait lui donner une vraie place, celle de l'histoire mais aussi celle plus difficile d'une jubilation architecturale possible. À moins que, de par sa fonction, son origine, il ne doit se révéler qu'à ceux qui savent que dans les bunkers se cache le secret d'espaces et de visions d'une grande puissance plastique. Cet agrandissement nous permet aussi de retrouver un ami déjà vu ici : le snack-bar. Cette très belle petite construction a malheureusement disparu.
Et enfin, une chose inconnue :



Mais qu'est-ce donc que ce petit monument que je découvre pour la première fois sur mes cartes postales de Royan ?
Qu'est-ce donc que cette petite grue stylisée posée sur une petite plate-forme d'observation ? Un monument touristique pour fabriquer un point-de-vue sur Royan et sur la mer ? Un outil de navigation pour signaler l'entrée du port ? Un geste gratuit et superbe pour dire aux visiteurs qu'ici se construit la plus belle ville du Monde ?
C'est, en tout cas, une petite chose parfaitement dessinée. Qui nous dira la fonction de cet objet posé là ?
Ce signal devra un jour être reconstruit pour que, à notre tour, accrochés à sa rambarde, nous puissions jouir du spectacle de Royan retrouvant son Patrimoine, son portique, son Casino.

mardi 26 novembre 2013

c'est tendu, c'est chaud, c'est un complexe



La paraboloïde hyperbolique est une forme qui signe son époque, son temps. On connaît tous cette forme courbe et tendue qui se pose dans de très nombreux paysages français comme si la modernité architecturale avait dû à une époque passer par ce type de construction.
Ici à Saint-Ouen, c'est le complexe sportif qui s'y colle avec ses deux très beaux arcs de béton entre lesquels un espace et aussi un volume sont déterminés pour que les corps s'échauffent.
Il est amusant d'ailleurs de penser que cette tension en équilibre fait parfaitement image à sa fonction : une sorte de tension musculaire dont le béton serait le muscle et la voile tendue l'épiderme.
J'aime toujours autant cette perception à l'œil de la force exprimée et retenue. C'est tendu, au bord de la rupture et cela se voit. C'est chaud.
De plus ici, on rencontre des personnalités et des architectes que l'on connaît bien sur ce blog : Anatole Kopp et René Sarger. l'article de l'Architecture d'Aujourd'hui nous donne d'autres noms à nos oreilles moins connus : P. Chazanott, J.P. Batellier, M. Levant, M. Guyomar et le bureau d'études C.E.T.A.C.
L'excellente carte postale des éditions Raymond nous montre le groupe sportif depuis l'extérieur bien cadré, il est bien l'objet de l'image. On devine parfaitement le jeu des courbes et la construction a l'air ainsi un peu fermée, close. Mais c'est la couleur qui nous leurre car on devine des panneaux translucides sur ce que l'on nommera à tort sa façade. On devine moins bien le très beau petit volume également en courbe à droite qui vient s'emboîter dans le bâtiment principal. Le premier plan conserve son rôle de carte postale : fleuri, vide.
Bien moins spectaculaire la deuxième carte postale nous montre pourtant le même lieu :



Cette fois, nous ne sommes plus sous la voûte moderne mais juste à côté. Le B sur le plan. Un bassin vide dont la surface lisse nous donne envie d'y faire par un plongeon des ondes. On aime la piscine comme ça, on aime y être le premier. Il est 9h20 si la pendule est à l'heure, sans doute une heure possible pour le photographe, avant l'ouverture du bassin. 9h30 ?
Le photographe a-t-il, après son cliché, enfilé son maillot de bain pour profiter du privilège d'être le premier dans ce bassin ?
Je n'aurais, pour ma part, pas pu résister...
Ici la carte postale est une édition Yvon et elle est imprimée par le très grand imprimeur Draeger en procédé 301. Qualité française.
Et le Centre des Sports et de Loisirs de l'île de Vannes de Saint-Ouen y est décrit au verso : Le Bassin de natation ; situé au sous-sol dans le bâtiment B, comprenant 4 étages avec salles destinées à l'entraînement de différentes disciplines sportives.
Dans l'Architecture d'Aujourd'hui de 1970, un article nous montre donc le complexe sportif en construction. C'est superbe.









lundi 25 novembre 2013

La Santé pavée de verre


Que j'aime ça !
Je trouve d'abord cette carte postale de la Clinique Saint-Michel à Toulouse. Je suis immédiatement saisi par cet espace intérieur, la décoration et l'utilisation des pavés de verre pour former ce grand mur dans le hall d'entrée. Comment ne pas être séduit par une telle image ?
Je me dis qu'il y a bien là une œuvre, une attention et un vrai travail spatial qui ne peut pas être fortuit surtout pour un programme de clinique. Et que c'est simple quand on a les bons outils... Une recherche rapide dans ma collection de revues l'Architecture d'Aujourd'hui et je tombe devant un article sur cette clinique dans le numéro de juin/juillet 1959.
Certes l'article publié dans un numéro consacré à la santé s'attarde sur les blocs opératoires mais il nous donne tout de même une information importante : le nom des architectes !
Pierre Vago et Delfand sont donc à l'origine de cet établissement même s'il est difficile de dire si c'est directement ces deux architectes qui ont dessiné ce hall d'entrée étant donné qu'il s'agit avant tout d'une requalification de l'ensemble. Mais, au vu de la qualité de ce hall, du style, il ne fait aucun doute que les architectes ont dû au moins en concevoir les grandes lignes, circulations et espaces. Non ?
Et puis reste une carte postale d'une très grande qualité, une photographie superbe donnant à voir un lieu dont le vide fait aussi ici la qualité dramatique. Je reste comme Candida Hofer sensible à cette résonance des espaces vides porteur dans le silence des images d'une charge métaphysique. Oui. Métaphysique. Et j'imagine les silhouettes mystérieuses visibles seulement derrière ce mur translucide et faisant vibrer comme des pixels les uns après les autres les pavés de verre. J'imagine les attentes des patients, des familles regardant cet écran, y projetant selon le dynamisme des déplacements voilés, les peurs et les joies des nouvelles bonnes ou mauvaises. Dans cette blancheur, dans ces jeux optiques, dans cette netteté des lignes quelque chose se pose d'une neutralité nécessaire à l'écoute. Ici rien ne doit proposer à la douleur ou au soulagement un écho.
Le lieu mettant en scène essentiellement les corps, les faisant jouer dans leur réalité parfaitement lisible est superbe dans ce vide sans voix, sans plainte.
C'est de la très grande photographie. Et cerise sur le gâteau et preuve que la carte postale possède des atouts pour l'architecture, la revue utilise le même photographe Yan que la carte postale !





Je vous donne quelques clichés provenant de l'article de l'Architecture d'Aujourdhui qui, s'ils ne sont pas éclairants du point de vue d'un aspect général de cette architecture en montrent des images de son fonctionnement. C'est d'ailleurs cette clinique qui fait la couverture superbe de la revue.
Et c'est réjouissant !





















dimanche 24 novembre 2013

La Sainte Chapelle du Béton Armé



Je ne dirai rien que vous ne pourriez facilement connaître ou apprendre en deux clics sur un moteur de recherches sur internet. Il est des constructions qui marquent l'Histoire de l'Architecture. C'est le cas aujourd'hui pour l'église du Raincy d'Auguste Perret.
Mais j'aime aussi dans ce moment de l'image où je reste encore épris d'un espace traduit et non d'un espace remémoré.
Je ne suis, à ma très grande honte, jamais allé là. Je ne suis jamais allé sur le lieu même de la naissance de ce qui a fabriqué mon histoire.
C'est toujours inouï de garder en soi la réalité rêvée d'une construction avant le choc de sa perception, de sa révélation à nos sens. Parfois on passe à côté à jamais. Et mes images ne le croyez pas trop vite ne me suffisent pas car je suis de ceux qui, irrémédiablement, croient au réel même s'il est surtout un socle à mes imaginaires, en quelque sorte son vocabulaire et sa grammaire.
Alors avec vous, je partage des cartes postales en noir et blanc dont seule l'épaisseur me donne à voir, verbe ici utilisé à son minima.
Et les quatre cartes postales de l'intérieur de l'église du Raincy sont toutes du même éditeur Gaud et du même photographe Fèvre. Passant d'un contraste très dur à parfois un gris léger et éteint, elles montrent surtout la grande nef percée d'une myriade de points lumineux toujours un rien surexposés qui par leur géométrie forment une ceinture à la fois légère et irradiante : un moucharabieh.
Un hangar industriel ceinturé d'une guirlande qui fait du lieu sacré un objet étonnant dont la lumière est le signe, l'espace le moteur.
Sur l'une des cartes postales au cadrage étonnant, le photographe réussit à placer la plaque de l'inauguration de l'église du Raincy. Et là, de biais, un rien flou, le nom d'Auguste Perret est inscrit dans le marbre. Sans doute que son nom est pourtant à tout jamais et plus certainement inscrit dans l'ensemble de son œuvre au doigt dans l'humidité d'un béton frais.

Pour ceux qui n'auraient rien vu encore, reste l'excellente série Architecture sur Arte, collection dirigée par Richard Copans et Stan Neumann :
http://boutique.arte.tv/f7086-architectures_eglise_notre_dame_raincy







samedi 23 novembre 2013

Si tu es universitaire à Paris


La phototypie Abeille fait parfaitement son travail et donne à voir dans une opposition formelle très forte deux des Maisons de la Cité Universitaire de Paris : la Fondation Suisse et la Fondation Danoise. Posée sur un rail de pilotis, la Fondation Suisse semble être un parallélépipède lisse posé sur des tréteaux étroits. La fonction moderne est à l'œuvre dans ce bâtiment dont nous avons déjà vu ici une autre carte postale. Façade lisse orthogonalement agencée, surélévation et invention d'un espace sous le bâtiment, toit aménagé, la rupture avec la Fondation Danoise est totale et la modernité semble surtout vouloir s'installer dans les liaisons entre le ciel et le sol.




























Il ne fait aucun doute que l'éditeur place ici volontairement les deux constructions en opposition, en dualité. Cela permet aussi... d'élargir le champ commercial puisque deux bâtiments sur la même image multiplient les chances de trouver des clients !
L'histoire est bien connue de cette construction de Le Corbusier. On trouvera sur le site de la Cité Universitaire de Paris ou sur le site de la Fondation Suisse toutes les informations nécessaires. Pour ma part, je reste assez surpris par cette qualité de représentation, un peu éteinte, dont le ciel extrêmement nettoyé semble vouloir donner toutes les chances de clarté de l'image au grain de la phototypie. Le numéro de série fait penser que la carte postale fait partie d'une collection complète représentant toutes les Fondations. Nous sommes à la fin des années trente, sans aucun doute.
Beaucoup plus récente :



Cette carte postale des éditions Guy pour Lyna et Abeille-cartes nous montre la Caféterie. Non, je ne fais pas de faute, il est bien écrit Caféterie... Par contre, l'éditeur oublie de nous préciser de quelle Fondation il s'agit et je n'arrive pas malgré mes recherches à retrouver la localisation de ce lieu qui pourtant affiche dans ses volumes, ses matériaux, ses ouvertures et même son mobilier une franche modernité. Le lieu semble appartenir à une construction plus vaste que l'on devine à notre droite. Mais laquelle ?
On sera touché par la belle lumière de ce lieu et par les détails touchants de la machine à café, les petites tasses bien rangées et le poste de radio.
Quel architecte donna ainsi aux étudiants assis là, une belle lumière et une belle vue ouverte ?
On aime toujours autant ce vide, cet abandon des lieux sur ces images. Mais le déplacement des chaises, la réalité même de la photographie nous dit pourtant les corps et les bruits joyeux d'une jeunesse venant fumer et boire un café en discutant du retard pris pour rendre son Mémoire, du prochain rendez-vous au terrain de tennis, de la belle exposition vue hier au Grand Palais dans un brouhaha aux accents étrangers.




mercredi 20 novembre 2013

Prix Architecture Bretagne 2013

Sur ce blog, on a vu la vitalité de l'architecture contemporaine en Bretagne. Il semble que cette terre porte en elle quelque chose de fort et de particulier, bien au-delà du cliché bretonnant qui fonde une envie de voir ses espaces bien construits.
Je me fais donc, avec plaisir, le relais du Premier Prix Architecture de Bretagne qui a été remis ce samedi.
Vous trouverez ici, toutes les informations sur cette manifestation qui signe la qualité et l'exigence de cette région pour son architecture.
Félicitations à tous les lauréats !
http://www.architecturebretagne.fr/

Bibliothèque Nationale de France à l'objectif

Je tiens Dominique Perrault comme l'un de nos plus grands architectes. Je crois bien que cet avis qui est bien commun vous devez être nombreux à vous dire qu'il n'a que peu d'importance.
Mais je tenais à le dire.
Disons que, dans sa production j'aime surtout beaucoup l'université féminine Ewha en Corée et la Bibliothèque Nationale de France, site Mitterrand. Comme je n'ai pas reçu de cartes postales de la première, je vous parle de la seconde puisque Claude qui fréquente beaucoup ce lieu en ce moment pour ses recherches sur la Perspective m'a fait le plaisir de m'en expédier deux.
La première :



Bien rangés, les plans successifs de l'image tendent bien à une frontalité mettant en opposition la grille géométrique de la façade de la BNF et le jardin. Surtout d'ailleurs le réseau de branchage qui vient sur l'exacte moitié de l'image prendre l'architecture en otage. Vert, bleu, vert, bleu, vert puis blanc puis verticale de zinc des arbres et derrière légèrement dorée la BNF qui finalement prend très peu de place dans cette photographie de Stéphane Couturier qui est un vrai amoureux pourtant de l'architecture. Je ne sais pas bien ce que son recul face à l'objet tente de servir ici. Installer l'architecture dans la nature ? Faire croire que la BNF est perdue dans des jardins ? L'image est extrêmement adoucie comme sous un filtre qui en éteint un peu les teintes et fait monter une pâleur tendre. Le bleu des muscari est sans doute trop en avant, comme exagéré, retouché. La carte postale date tout de même de 1998 soit déjà 15 ans ! Nous aurions préféré de la part de Stéphane Couturier l'une de ses très belles compositions plus frontale plus franche plus directe comme il a su si souvent en faire de très belles. Ici, l'œuvre de Perrault semble bien peu aimée ou comme de loin, comme une amie de la famille un peu gênante...
Plus proche :



Cette fois, serrée dans le cadre, immense à sa surface mais toujours à l'arrière plan, la BNF est cadrée par Alain Goustard qui s'amuse violemment du collage entre l'architecture de Monsieur Perrault et le Pont de Bercy. On ne sait pas qui s'en tire le mieux de ce duel architectural, de ce jeu opposant le Vieux Paris à celui plus contemporain. Là encore, un peu dans une brume de fond d'image, la BNF tente de se montrer dans toute sa rigueur. Et rien de son vide intérieur, rien de ce qui fait son sens architectural, la création d'un espace, n'est visible ici. Elle semble au contraire vouloir boucher l'horizon, fermer l'espace. Et si l'image est bien composée, équilibrée jusqu'au détail du contrepoint des deux piétons offrant à l'image un point coloré rouge vif, la BNF ne me semble pas à son avantage. Claude et son œil averti m'indique au verso de la carte : "téléobjectif !"
C'est bien cela. La mécanique puissante de l'optique fait venir tout contre l'une de l'autre les deux architectures, referme les vides de la ville et forme une surface plane et serrée qui, si elle donne à voir cette opposition superbe et plastique, ne permet pas de jubiler et d'aimer la belle architecture de Monsieur Perrault.
Pourquoi donc, dans ces deux photographies, ces deux cartes postales, aucun des deux photographes n'a choisi de prendre de face, en pleine poire l'architecture de la BNF ?
Finalement, est-ce que l'invention d'un vide superbe par un architecte ne serait pas photogénique ? Ne peut-on prendre en photo le vide ?
Merci Claude.
Et nul doute que ce soir, au Café Perdu, lors de ta conférence, tu nous donneras une explication plus juste et plus éclairée du fonctionnement des images, de leur espace et de cette merveilleuse découverte qu'est la Perspective, cette amie, cette alliée des images.