mercredi 29 janvier 2014

Sylvain Bonniol expose




Je me fais le relais d'une excellente nouvelle pour la photographie plasticienne :
Sylvain Bonniol expose ses dernières photographies à l'Hôtel de Région de Nantes.
Si nous suivons attentivement son travail, c'est qu'il sait mettre son œil juste au service d'une exploration de lieux extraordinaires qu'il aime à nous faire partager. On connaît la très belle série "Visions acoustiques" et on sait sa manière de comprendre comment au cœur des machines, des industries, des objets scientifiques, des hommes et femmes travaillent et cherchent.
Mais son regard ne s'attarde pas seulement dans une forme admirative et bluffante de ces objets techniques dont il serait aisé de tirer le parti esthétique, Sylvain Bonniol sait nous les donner à voir dans leur véritable échelle humaine et photographique en replaçant ceux qui les utilisent et les construisent au cœur de leur fonction et donc au cœur de ses photographies.
Alors, si vous êtes dans la région de Nantes, ne manquez pas de voir ce beau travail.
C'est gratuit et c'est fort !

Vous pouvez faire un tour sur son site c'est juste... magnifique :


Des Industries et des Hommes
Photographies de Sylvain Bonniol

Sur une commande photographique de la Région des Pays de la Loire.


Ouverture au public :

Hôtel de Région des Pays de la loire
1, rue de la Loire à Nantes

Du lundi au vendredi de 9h à 18h

Du mercredi 5 février au jeudi 27 février 2014

Entrée libre.


Exposition produite par la Direction de la Communication de la Région des Pays de la Loire,
et réalisée avec le concours des entreprises Aerolia, Airbus, Bénéteau, Charal, Defontaine-
Rollix, Eolane, Fleury-Michon, IDEA, Lactalis, Man, Ocea, Piveteau, Renault, Socopa, STX et
de Technocampus EMC²




Madrilène et bordelais

Je vais regrouper aujourd'hui deux architectures qui sont pour moi très symboliques de ce que ce blog m'a appris à aimer, deux bâtiments qui sans doute, affichent une influence de Franck Lloyd Wright mais qui n'ont pourtant rien à voir ensemble.
L'une est une tour d'habitations à Madrid, l'autre une banque en France. Toutes deux affichent une franchise des matériaux, une radicalité brutale, un génie du dessin et quelque chose qui nous dépasse, nous déborde, nous scie : une émotion palpitante.
La première :



La Caisse d'Epargne de Monsieur Edmond Lay à Bordeaux Mériadeck est l'une des plus incroyables choses que j'ai vues. Aujourd'hui en restructuration pour une transformation en hôtel, il faut espérer que cela ne la dénature pas ni dans son enveloppe extérieure ni dans ses aménagements intérieurs... Mais je crois bien que c'est trop tard... La France toujours, aime bien faire semblant de faire attention, sur le rebord du vide de la destruction comme pour laisser l'espace aux promoteurs.
Nous avons déjà bien regardé et aimé cette construction et cet architecte, Edmond Lay, qui a une véritable œuvre, qu'il faut bien prendre en compte et qui mériterait un bel hommage national par une grande rétrospective.
On notera que la carte postale Yvon ne nous donne pas le nom de l'architecte même si elle permet de saisir comment l'objet sculptural de Monsieur Lay vient rencontrer le reste de l'architecture du quartier passionnant de Mériadeck : un choc ! Les plus fidèles des lecteurs se rappelleront que nous avons déjà bien regardé cette Caisse d'Epargne mais que nous ne nous en lassons pas !

On comprend le génie de Monsieur Lay, capable à la fois de générer un monolithe puissant et une articulation délicate. C'est rare et c'est en France ! Bordeaux doit être fière d'une telle merveille !

La seconde :



Je ne pensais pas un jour trouver une carte postale de cette construction espagnole mais, voilà, les éditeurs de cartes postales semblent parfois travailler pour nous !
L'éditeur espagnol Bergas Industrias Graficas veut nous montrer en même temps l'autoroute et les si fameuses Torres Blancas de Monsieur Saenz de Oiza ! Que dire que vous ne sachiez déjà sur l'une des très rares constructions qui m'ait fait pleurer à ses pieds. Et ce n'est pas une tournure poétique...
On aimera retourner là pour saisir toutes la puissance de cette construction, tout ce qu'elle contient, resserré en une seule construction, de notre imaginaire, de nos influences, de nos désirs. On voit également que les éditeurs furent attentifs à cette construction et à ce quartier qui devaient montrer le dynamisme de l'Espagne, sa modernité. On devine d'ailleurs derrière les Torres Blancas le terrain encore vide sur lequel sera construit l'hôtel visible ici. Aller à Madrid c'est donc forcément aller voir les Torres Blancas...
Bonne visite.

mardi 28 janvier 2014

Klaus Humpert et les eaux chaudes

Je cale. (en fait plus maintenant !)
Je vous propose aujourd'hui de voir ce qui semble une belle réalisation allemande, mais une belle réalisation dont je n'arrive malheureusement pas à trouver le ou les architectes. Il s'agit des Thermes de Badenweiler (Thermalkurort Badenweiler/Schwarzwald). (mais si mais si, sois patient !)
Regardons :



Au pied d'une construction ancienne en ruine et formant à son tour des niveaux par un jeu savant de terrasses, la construction moderne offre une intégration à la fois délicate mais pas timide, affirmant sa modernité avec panache dans des lignes brisées, ouvertes, pointues.







Les thermes s'étalent donc en de grands balcons, presque des placettes, puis se referment dans le fond des plans offrant des passages indéterminés entre l'espace extérieur et l'espace intérieur. L'ensemble est posé semble-t-il sur une forêt de colonnes portant donc des plateaux anguleux et parfois percés de petits jardins ou d'ouvertures très franches sur les niveaux inférieurs. C'est beau. La carte postale est une édition Bildverlag Freiburg.
Descendons un peu :



Depuis cette carte postale des éditions Metz, on devine mieux le dessin de ces balcons en beau béton blanc. On voit également le dessin des colonnes et aussi... l'âge moyen des curistes dont les cheveux argentés et blancs font merveille contre ce béton !
On se regarde du haut, on s'installe, on prend le soleil en profitant au mieux de cette structure que l'on dirait faite pour jouir d'une multitude de points de vue. Tout le monde est tourné vers la même direction. On vient voir et être vu, c'est le spectacle des curistes qui jouissent autant d'une nature généreuse en air et en eau chaude que d'une architecture devant servir au jeu social de la cure thermale : rencontre, repos, nature pittoresque.
Comment ne pas aimer être là ?
Mais qui a donc offert à tous ces joyeux curistes allemands un aussi bel espace ?
Et bien... C'est Klaus Humpert bien évidemment !
Il suffit de trouver la bonne entrée sur internet pour immédiatement trouver la réponse ! C'est étrange, tout de même, un moteur de recherche !
Mais nous pourrions bien avoir déjà rencontré cet architecte avec les très beaux immeubles de Lahr que nous avions vus ici ! L'architecte Klaus Humpert aurait participé à cette construction si on en croit cet autre site...
Comme quoi, il faut toujours croiser les informations !

















































lundi 27 janvier 2014

Balsa communiste et chrétien

Les artistes contemporains aiment les maquettes d'architecture.
Nous les comprenons.
En voici deux, pour deux types de programmes un rien opposés : une église et le siège du Parti Communiste Français.
Programmes opposés ? Pas tant que cela puisque les deux lieux sont des lieux de rassemblement et d'accueil, des lieux normalement ouverts et à l'écoute de ceux qui viennent là.
Premier accueil :



Cette carte postale sans éditeur mais dont le photographe est R. Schillinger à Ugine nous montre la maquette de l'église du Sacré-Cœur des Fontaines à Ugine donc.
Le verso de cette carte est très précis car il nous donne bien le nom de l'architecte M. CL. Fay et nous signale même entre parenthèses que nous sommes devant la maquette et non devant le réel !
Pourrions-nous nous tromper ?
Ce fond noir en nuit presque égale mais qui fait angle si on regarde bien, alors que l'objet est vivement éclairé ne laisse aucun doute sur cette maquette tout comme les détails des collages et des matériaux hésitant entre une grande finesse et une imprécision. On notera que le photographe descend devant la maquette la visant comme un piéton un peu loin. Au dos, on nous précise que l'architecte s'est appuyé sur les Saintes Écritures : "Il a dressé sa tente parmi nous". Tente canadienne sans doute, car il y a fort à parier que le Christ n'a jamais dormi dans une tente de cette forme ! L'architecte habitué à la construction d'églises a aussi dessiné celle-ci simplement mais efficacement en une succession de triangles en charpente (lamellé-collé ?). Cela en plus d'être économique fait donc aussi image : la tente ou le toit posé et protecteur.
Deuxième accueil :



Cette superbe carte postale Abeille-Cartes nous montre le non moins formidable futur siège du Parti Communiste Français par Oscar Niemeyer.
Si on connaît bien ce chef-d'œuvre parisien, on en connaît sans doute moins ce type de représentation dont on pourra penser que le but ici est à l'égal de celui de l'église : récolter des fonds.
On remarquera que cette maquette est peu précise jouant surtout sur ses masses et ses lignes générales et que ni le traitement de son toit ni celui de sa façade ne sont à l'exact de sa réalité d'aujourd'hui. On sent une maquette permettant surtout de saisir en effet son implantation sur son terrain, écrasant le reste de la ville dans une abstraction, mais permettant tout de même de saisir le désir génial de Niemeyer, d'offrir là en plus d'une construction, une nouvelle place publique ouverte... Mais marcher là, arpenter cette esplanade est impossible. L'ensemble est fermé d'une grille, de caméras, de portiques qui font du Siège du Parti Communiste une forteresse peu accueillante et surtout rompant avec le génie spatial et généreux du dessin de son architecte. Il faudrait faire l'inventaire des espaces ouverts et offerts à l'espace public par les architectes et devenus des petits machins étriqués par nos peurs contemporaines : passage du dedans-dehors du centre Pompidou, Hautes-Formes de Porzamparc, Palais des Congrès de Royan, Siège du Parti Communiste... Et tant d'autres sans doute. Une forme de restriction à la pénétration.
Pour revenir à cette carte postale, on remarquera le choix d'un noir et blanc dur et avec du grain qui sans doute graphiquement permet de mieux lire l'architecture en gommant les matériaux de la maquette. La barre blanche en bas de l'image indique aussi certainement un recadrage. Et j'ai un doute sur le fait que cette maquette pourrait être la même que celle déjà éditée en carte postale et que nous avions vue ici.
Je vous donne le verso tant il est riche de belles informations : tampons, correspondances...



mercredi 22 janvier 2014

Du corps, les germaniques

Deux magnifiques constructions allemandes que nous devrions jalouser en France.
Sans détour :



À Berlin, la bierpinsel est presque un totem pour ce blog. Alliant dans ses fonctions, ses formes, son étrangeté rétro-futuriste, elle est comme incapable de se classer dans un genre.
Nous pourrions tout aussi bien la croiser sur une autoroute en poste d'observation, sur le pont d'un porte-avion, en pionnière de la colonisation d'une planète lointaine. Elle est extrêmement bien dessinée et la carte postale Dissy-Card dont la photographie largement réchauffée de Hans-Peter Dimke la pousse dans un orange digne de Mars.
Quel objet !





Il se pourrait bien que les architectes de cette beauté allemande soient Ralf Schüler et Ursulina Schüler-Witte qui ont également dessiné l'autre monstre superbe de Berlin le I.C.C !
Ce lieu comportait (toujours ?) un restaurant et un night-club qui devait être bien petit non ? On trouve sur internet plein de versions de couleurs différentes tant cette architecture a été peinturlurée de manière souvent ridicule.
Vous aimez les monstres musculeux au squelette apparent ?
Alors c'est pour vous !



La halle des sports de Brême (Bremen) est je crois aussi une forme d'absolu en terme d'expressionnisme technique. Elle affirme sans détour sa tension structurelle, comme une fracture ouverte.
À la limite d'un baroque, le sur-jeu de ce dessin en fait pourtant toute l'architecture, son image. Ce qui génère l'essoufflement du visiteur doit tenir tout entier dans la tension perceptible, comme si, à chaque instant, tel un arc bandé, tout aller lâcher.





C'est bien une image de puissance (nécessité de sa fonction) car le lieu est celui du dépassement et de la limite. Pourtant si le sport d'un point de vue éthique est une stupidité, il semble que son architecture soit souvent l'occasion d'une expression spectaculaire alliant les enjeux d'images et techniques. Ici l'éditeur Traca découpe et ajoute un ciel qui glisse parfois comme s'il avait peur d'autant de force.
J'aime ces grandes machines toutes de muscles et qui les montrent sans vergogne. J'aime les clavicules sous la peau, j'aime le béton précontraint. J'aime voir la puissance dans sa transparence.
Dans un numéro de 1958, L'architecture d'Aujourd'hui relate l'effort de l'athlète, un bâtiment au bord du claquage. L'architecte de ce désir est Roland Rainer. On remarquera que l'article nous présente le bâtiment en maquette et dessin technique. Il n'était alors qu'en construction.









lundi 20 janvier 2014

Royan extra long, extra bas

Alors que se sont achevées les belles journées du colloque sur Royan et sa représentation photographique dans le fonds du M.R.U, (Ministère de la Reconstruction et de l'urbanisme), journées concluant l'exposition attenante à la scénographie superbe dans le Musée de Royan, je vous propose deux cartes postales de cette ville, un peu particulières.
Si, pendant ces journées de colloque les questions du point de vue, de la neutralité photographique furent abordées par des angles allant de la communication politique à la sensibilité artistique je suis pour ma part intervenu sur la représentation du chantier dans les cartes postales de la plus belle ville du Monde. Chantier... relativement absent, relativement évité et ne surgissant qu'au hasard heureux des cadrages aériens, dans des détails minuscules.
Mais voici deux éditions de cartes postales qui, par leur format ou leur cadrage permettent aussi de montrer que parfois cette production offre des spécificités étonnantes.
D'abord la carte postale panoramique :



Cette carte postale du marché est bien ainsi extrêmement longue... Et quelle image !
Le photographe des éditions Berjaud place presque exactement le marché au centre de son image, dans une symétrie un peu abâtardie. On peut d'ailleurs s'interroger sur ce manque de précision, sur ce désir de symétrie un peu contrariée qui avait pourtant tous les atouts pour être parfaite : deux arbustes, réalité du placement urbain du marché au bout du boulevard Briand, dessin du terre-plein, mobilier urbain formant un cadre et même un panneau de sens interdit qui pourrait faire une mire de visée parfaite ! Alors pourquoi le photographe a-t-il décalé si légèrement ce cadrage pour rompre cette symétrie ?
La réponse pourrait bien venir du premier plan représenté par ces quelques feuilles d'arbres. Sans doute pour animer ce premier plan, pour réchauffer en quelque sorte ce grand ordre urbain, le photographe cherche un détail. Trouvant là, avec ce feuillage un élément plus libre au plan, il cadre ainsi ce qui l'oblige à perdre un peu l'absolu de la rectitude de cette image. À moins que ce tirage panoramique ne soit pas directement produit ainsi mais provienne d'un recadrage d'une image au format rectangulaire plus carré. J'ai trop peu d'informations sur le matériel photographique des photographes de cartes postales pour affirmer cette possibilité mais, il est vrai que les appareils dédiés spécialement au format panoramique sont rares.
On jubilera aussi de la voiture, une Simca Aronde, dont le hasard de la présence parfaitement bien placée nous laisse perplexe... Une personne semble attendre à l'intérieur. La femme du photographe ?



En 1955 :



Nous pourrions à l'infini prendre chacun des points de vue sur Royan et rejoindre nos collègues de l'Observatoire Photographique du Paysage pour jubiler avec eux des distorsions du réel face à son histoire. Mais ici, avant même ce passage du temps, on s'interrogera de la nécessité pour un photographe (de carte postale en plus !) de venir à ce point regarder et viser... le caniveau et la chaussée !
Pourquoi donc descendre si bas ! Pourquoi le photographe de C.A.P éditeur s'agenouille-t-il ainsi et place dans son image au premier tiers les aménagements urbains aussi frustes ! La ville de Royan et son front de mer n'apparaissent que bien loin, comme une ligne entre le ciel et le sol ! Les animations sont trop peu spectaculaires (une Frégate Renault et des royannais en vélo) pour être les centres d'intérêt de cette image... Alors ?





On a déjà vu sur ce blog de nombreux cas de ce type de photographies dont on a du mal à saisir le sens.
Et si ici ou ici, on s'en amuse et on peut deviner la raison de ces cadrages "audacieux" le mystère de l'invention de cette image reste entier !
Une fois de plus, malgré ce mystère, on s'étonnera que la photographie soit prise mais également qu'elle passe l'examen du choix éditorial, qu'elle soit finalement éditée et... vendue, donc choisie parmi tant d'autres modèles. Il faut croire qu'elle répondait bien à un besoin, celui de dire au loin, l'état des caniveaux de Royan !
Bonnes vacances !



dimanche 19 janvier 2014

Le rocher de Gottfried Böhm

Et si nous allions à l'église ce matin ?
Et si nous découvrions un rocher primitif ?
Et si nous allions dans une grotte ?
Nous pouvons faire tout cela en allant en un seul endroit : Neviges.
Il y a en ce lieu l'église de l'architecte Gottfried Böhm !
Regardons :


La carte postale de Willi Flöth nous montre en noir et blanc cette incroyable église qui m'évoque chaque fois ces rochers dans les peintures primitives italiennes entre un Sassetta ou un Uccello. 

Sassetta, Musée du Louvre, peut-on faire plus radical comme architecture ?














Paolo Uccello, St Georges terrassant le Dragon.

Comme coupées à la serpette, au fil à beurre dans une masse, les pans tranchants de la construction lui donnent un caractère sévère et dur et très fermé au monde extérieur. L'architecte sans aucun doute joue avec des images bien plus qu'avec des espaces, voulant ici faire signe, identité, écho à un imaginaire.


Il s'agit bien plus d'une sculpture que l'on pénètre que d'une architecture. Je crois bien que le choix du noir et blanc ici tente d'accentuer encore cette position, ajoutant au mystère de ce que l'on voit.
Mais justement, pénétrons :


Cette carte postale en couleur est de K. Karrenberg et elle nous donne comme titre : Neue Wallfahrtskirche à Neviges, l'architecte est nommé Prof. G. Böhm, Köln.
L'espace semble soudain bien plus ouvert, plus large et même si l'effet sculptural est bien encore présent, tout est tout de même un peu plus apaisé.
On s'étonnera de ce grand lampadaire à droite qui monte très haut pour éclairer quelques chaises pour des personnalités religieuses de premier ordre si on en croit l'estrade et le tapis rouge !
La verticale du grand vitrail est presque étrange dans sa normalité et le photographe a sans doute péché par un trop grand éclairage qui écrase les formes et ne joue pas assez avec les ombres possibles de ce lieu. On devine une source de lumière puissante cachée derrière la chaire de prêche.
On est à l'évidence dans un expressionnisme franc qui ferait une sorte de relais formel entre Rudolf Steiner et son Goetheanum et Claude Parent et Paul Virilio et  l'église de Sainte Bernadette du Banlay. Le territoire puissant de l'évocation, de l'icône, de l'image... parfait donc pour faire une église.






dimanche 12 janvier 2014

Tout est à sa place

Sur une carte postale Estel en Éditions de Luxe et en photographie véritable, s'allonge implacablement une Unité de Construction à Bron-Parilly.


Nous en sommes un peu loin, comme pour bien la faire tenir dans le cadre, il faut dire que la barre est une géante qui déploie sur sa façade toute la complexité des typologies d'appartements.
Exactement contemporaine des Cités Radieuses, elle n'a que peu à leur envier finalement, sauf quelques points majeurs comme le toit non aménagé et l'absence de pilotis. Il serait même aisé ici, devant cette peau photographique de confondre les deux pour un regard non averti.


Il faut dire que les architectes de cette construction avaient bien tenté de faire ici moderne. Ils y avaient réussi en grande partie et malheureusement cet héritage est aujourd'hui disparu.
René Gagès l'un des auteurs de ces Unités de Construction avait bien ici déployé tout son talent mais surtout tout son regard sur le programme et les fonctions de cette typologie. Et, il serait aisé sur une image un rien durcie par le noir et blanc de ne voir là que du Hard French à l'avenant.
Mais les architectes Pierre Bourdeix, René Gagès et Franck Grimal ont bien ici œuvré même si les propos tenus dans le N° 66 de l'Architecture d'Aujourd'hui mettent plus l'accent sur la pré-fabrication lourde de l'ensemble que sur le mode d'habitat ou sur la manière dont on peut vivre ici. Pourtant, comme il est dit dans ce superbe petit film consacré à cet ensemble et à ce travail, "tout est à sa place" et on devine bien une attention particulière à l'habitant.



<iframe frameborder="0" marginheight="0" marginwidth="0"  scrolling="no" src="http://fresques.ina.fr/rhone-alpes/export/player/Rhonal00151/360x270" width="360" height="350"></iframe>

Gain de place, modularité des espaces, circulation dans le logement, lumière, confort moderne s'associent alors pour vivre bien, du moins... pour vivre mieux. On notera que l'article consacré à Bron-Parilly est juste après celui consacré à la Cité Radieuse de Rezé... Les deux typologies, les deux exercices sont donc bien là, ensemble. On remarque aussi que l'article consacré à Bron-Parilly montre des photographies de l'industrialisation du bâtiment et peu des appartements (sauf par les plans) alors que la Cité Radieuse est dépouillée dans chacun de ses détails et de ses aspects par la belle photographie de Lucien Hervé... Il y a bien là une forme hiérarchique établie par la revue qui utilise les photographies de Lucien Hervé pour faire sa couverture !
J'aime pour ma part cette drôle d'opposition entre UNITÉ D'HABITATION et UNITÉ DE VOISINAGE dans la revue. Une poétique de la nomination dont il faudrait analyser la portée et les choix puisque on trouve également l'appellation Unité de Construction... Est-ce que chez le Corbusier le privé est serti dans le collectif et que finalement l'échange avec l'autre est du domaine d'une décision des particuliers alors qu'à Bron-Parilly, le voisinage et donc les relations sociales sont plus désirées et constituées dans la construction elle-même ? On peut aussi penser que chez Le Corbusier le traitement total des multiples fonctions (habitat, écoles, commerces etc.) dans une forme tenue et close sur elle-même (sorte d'île autonome) s'oppose à celle de Bron-Parilly dont seule la fonction d'habitat est présente dans la construction, laissant à l'urbanisme et non à l'architecture la dispersion de l'ensemble des fonctions sociales. Me trompé-je ? (oui je sais c'est dur à dire).












<iframe frameborder="0" marginheight="0" marginwidth="0" scrolling="no" src="http://fresques.ina.fr/rhone-alpes/export/player/Rhonal00151/360x270" width="360" height="350"></iframe>