vendredi 21 mars 2014

Les appuis, les forces, les équilibres, les enfants, l'architecture

Je m'amuse ou, devrais-je dire, mes yeux s'amusent.
Il arrive ainsi que parfois deux images semblent dire la même chose avec pourtant des éléments très différents.
Aujourd'hui alors que je trie mes cartes postales, deux d'entre elles se regroupent, s'acoquinent. Je vous les donne telles quelles :




La première est une carte postale de Düsseldorf malheureusement sans nom de photographe ni même d'éditeur qui ne nous donne que l'expression :  Radchläger auf der "Kö"
C'est en fait une tradition locale qui veut que les enfants pour obtenir un sou fassent ainsi la roue et c'est devenu une sorte d'emblème de la ville de Düsseldorf !
D'ailleurs la correspondante écrit au verso de sa carte que c'est là une sorte de parallèle avec les poulbots de Paris.
Mais quelle image non ?
Pris à leur hauteur et saisis dans les trois phases de la roue, les garçonnets forment une figure d'équilibre et de force qui me fait penser à l'architecture. Ai-je tort ?
Il faut aussi dire que, comme pour l'architecture, je jalouse toujours ce que je suis incapable de faire ! Et la roue en fait partie !
Alors l'architecture ?
Il s'agit de l'incroyable église catholique Saint-Albert à Saarbrücke ( St Albertus Magnus) dessinée et construite par un père et son fils architectes tous deux, Dominikus et Gottfried Böhm. Oui !
Et ce sont sans doute les arcs-boutants jaillissant de la coupole qui forment à leur tour une figure de la dispersion des forces qui me firent la rapprocher de ces bras et de ces mains posés sur le sol et recevant le poids des corps des enfants.
Je sais, c'est curieux mais c'est une histoire de squelette, interne pour les uns, externe pour l'autre. Je ne peux vraiment rien faire contre cette expérience de rapprochements formels et symboliques qui surgissent en moins de temps qu'il n'en faut aux gamins pour faire la roue ! Je crois aussi que l'origine allemande des deux cartes postales aide à ce rapprochement !
On prendra le temps de regarder un peu la très belle église St-Patrick qui réussit l'exploit de montrer son principe de construction sans l'éteindre en laissant les arcs en partie dans le vide. Les architectes affichent ainsi la structure, en font l'événement de l'architecture tout en conservant à la fois sa gracilité et même une forme de fragilité.
On retrouve un peu ce que nous avions évoqué ici avec la halle des sports de Brême et son esthétique expressionniste des forces structurelles, celles du gothique ou... du Centre Pompidou.
Les enfants de la carte postale doivent maintenant avoir soixante ans. J'espère pour eux qu'ils font toujours la roue ou que leurs petits enfants la font pour eux.
Nous retrouverons bientôt les Böhm sur ce blog. Avis aux fidèles lecteurs.





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