dimanche 31 août 2014

Guerre, Beyrouth, Paix

On a déjà ici évoqué la guerre du Liban notamment avec la très belle et optimiste série de cartes postales de Monsieur Nacouz.
Aujourd'hui, comme il arrive parfois, je ne vous montrerai pas de cartes postales mais un beau livre. Je devrais dire un livre monument ! Rarement de tels objets éditoriaux sont arrivés dans ma bibliothèque et celui que je vais vous montrer fut simplement acheté hier aux Emmaüs...
Dans un coffret luxueux, le titre de l'ouvrage de grande taille est gaufré en lettres d'or :
Beyrouth, les guerres de destruction et les perspectives de reconstruction.
Puis sur la couverture du livre, une impression en réseaux lenticulaires permet de voir deux photographies en même temps, une de la fin de la guerre montrant la ville en ruine puis le même point de vue reconstruit. C'est en fait le programme éditorial de l'ouvrage de Ayman Trawi qui nous propose ce même jeu mais cette fois en photographies simples : page de gauche, la ville de Beyrouth en ruine, page de droite le même point de vue reconstruit. C'est un choc incroyable ! Comment pourrions-nous imaginer d'abord l'ampleur du désastre puis la capacité des hommes à remettre tout cela en place. C'est si sidérant que j'en arrive à croire qu'il y a eu une erreur et que c'est bien l'image de la reconstruction qui devrait précéder celle des ruines... Mais aussi, je découvre Beyrouth, sa grande qualité architecturale et aussi, soudain, la vie partout. Alors, même s'il faut toujours se méfier des images, on voit une quantité de cafés, de lieux de vies, de jeunesse. La vie partout. Quel livre...
Comme nous aurions aimé qu'un royannais, qu'un havrais en fasse de même en 1950.
Dans son introduction Ayman Trawi fait un éloge appuyé à Rafic Hariri allant jusqu'à une comparaison avec le Baron Hausmann. J'avoue que mes connaissances géo-politiques ne me permettent pas de relativiser son enthousiasme mais qu'importe finalement car on ne peut pas reprocher, devant un tel objet éditorial à un auteur de chercher et de trouver des appuis nécessaires à son optimisme devant ce qui apparaît ici, indéniablement comme une résurrection. Le travail est colossal ! Il y a tout de même 145 emplacements photographiés deux fois ! Et l'auteur nous les commente en fin d'ouvrage. J'aimerais en savoir plus sur sa méthode de travail, la genèse du projet, le choix des lieux et aussi sur le financement d'un tel ouvrage. On s'amuse aussi que Ayman Trawi semble beaucoup aimer retourner sur les lieux le soir venu !
Je vous laisse regarder ce Beyrouth retrouvé, restauré, vivant. En fermant le livre, on a l'envie d'aller voir, de prendre, le soir tombé, un café aux terrasses joyeuses et si nombreuses ! On a envie de rencontrer les libanais et d'aimer leur ville, les gens, la paix.














































samedi 30 août 2014

Notre-Dame des Détails


Oui, je suis certain que parmi vous, parmi les plus fidèles, certains vont trouver que, tout de même, je pousse le bouchon un peu loin. Certains vont ironiser en me proposant d'acheter un microscope électronique, d'autres riront à mon désespoir des images, les plus sages me feront une tape amicale dans le dos en m'affirmant que cela se soigne bien.
Mais voilà, lorsque me tombe dans les mains une carte postale de Royan, je la regarde centimètre par centimètre pour me persuader que j'habite là dans l'image. Vous verrez un jour, j'irai, à l'intérieur de l'une d'elles, disparaître.
Alors regardons deux cartes postales de Royan, oui, encore... comme hier !
Envoyée par Dominique Magdelaine, on y voit la conche superbe, sa plage, le Mirado et le clocher de Notre-Dame comme nous le précise bien Berjaud l'éditeur. Tout est sa place dans la plus belle ville du monde. Mais pourquoi donc faire tant de cas d'une si banale carte postale ?
Eh bien si Berjaud en précise avec tant d'évidence la présence de Notre-Dame dans son titre, il n'hésite pas non plus dans l'image à intervenir.
C'est là qu'il faut avoir de très bons yeux.
Regardons :



Mais quelle est donc cette croix blanche posée sur le haut du clocher de Notre-Dame ? J'ai vu beaucoup d'images et de photographies de la belle église de Guillaume Gillet mais jamais ainsi surmontée d'une telle croix qui d'ailleurs serait d'une telle taille qu'on se demande comment elle serait posée... Il y eut bien une étoile posée parfois pour Noël mais jamais à ma connaissance une telle croix...
Ne serait-ce pas là une fantaisie amusante de l'éditeur pour mieux la signaler sur sa carte postale ? Manière de faire reconnaissance de l'objet architectural ?
Je le crois... (jeu de mots).
Alors puisque nous en sommes à épier Notre-Dame en détail, regardons une autre carte postale :



La voici, belle, grandiose, à l'apogée de sa forme, magnifique dans son noir et blanc adouci de couleurs posées artificiellement. Monsieur Chatagneau, son éditeur nous précise qu'il s'agit bien d'une véritable photgraphie au bromure et nous nomme tous les artistes de cette merveille de Royan : architecte Mr Gillet, Ingénieur Mr Sarger, architecte d'opérations Mr Hébrard, le même qu'hier pour le Temple.
Et alors me direz-vous ?
Regardez bien ici :



Au pied du clocher, juste devant ce qui devait servir d'autel extérieur, on devine un chantier bien particulier ! Il s'agit de la pose du vitrail ! On voit parfaitement les solives et l'échafaudage. J'imagine bien que Mr Chatagneau, appareil photographique en main, n'a pas dû s'en tenir là... Il a dû faire des clichés de cette opération, clichés qu'il n'a pas édités en cartes postales à ma connaissance... Quel dommage ! Sans doute que dans un classeur, dans une bibliothèque, dans une boîte, dans une cave secrète dorment les négatifs de Mr Chatagneau et soudain, contre la lumière blafarde d'une ampoule jaune, une main tendue vers la lumière, je regarde surgir ces images perdues et retrouvées.
Me voici reparti dans mes images, dans mes rêveries.
Venez me chercher, venez me rejoindre.
Merci Dominique pour cet autre voyage.

vendredi 29 août 2014

Tenir le Temple à bout de bras

Dans l'histoire de la Reconstruction de Royan, nous avons vu la grande diffusion de sa maquette par le biais de la carte postale. Comme vous avez tous lu l'excellent  (oui...) Royan, l'image absolue, je ne reviendrai pas sur les questions que posent une telle diffusion.
Nous avons également vu que Notre-Dame de Royan, comme lieu de culte, a eu elle aussi en son temps une carte postale de sa maquette diffusée et distribuée. C'est, pour ce type de lieu de culte, presque une norme tant les maquettes d'églises modernes furent diffusées comme moyen de souscription. J'ai dans ma collection une belle représentation de ce type de cartes postales, certaines que vous avez pu voir sur ce blog.
Mais voici qu'une petite dernière, une nouveauté envoyée par Dominique Magdelaine arrive dans ma collection. Merci encore Dominique pour cette très belle trouvaille.
La voici :



Les aficionados de la plus belle ville du Monde auront reconnu le Temple Protestant appelé parfois Centre Protestant ici représenté en maquette et... en carte postale.
Sans doute sommes-nous devant, là aussi, un objet permettant par sa vente de soutenir un peu le projet de construction et aussi d'informer sur la future forme de l'architecture de ce Temple. La carte postale ne dispose d'aucune information, ni d'architecte, ni de l'utilité de ce document, ni encore de sa date. Rien !
On sait juste qu'il s'agit d'une publication du Studio Bourdier (si vous êtes de cette famille, joignez-moi !) Studio Bourdier qui publia l'essentiel des cartes postales de maquette de la Ville de Royan. Voilà donc que cela pose plus de questions que cela ne donne de réponses... Cette maquette fut-elle présentée en même temps que la maquette d'urbanisme de la ville ? Qu'est-elle devenue ? Où était-elle visible pour les Royannais ? Comment était distribuée cette carte postale ?
Les architectes du Temple Protestant sont Messieurs Bauhain, Baraton et Hébrard même si, comme nous en informe l'ouvrage L'invention d'une ville, il semble que ce furent les deux premiers qui travaillèrent plus sur ce très beau et discret projet. Dans ce même livre, qui reste la référence sur Royan, une image va faire résonner notre carte postale d'une manière particulière !
On y trouve en effet une photographie de Marc Hébrard portant la maquette en question ! J'avoue être étonné par la taille de cette maquette...


Si l'article nous informe sur la construction et la constitution du projet, rien ne permet mieux de connaître ce lieu que de le visiter. Il ne faut pas le manquer lors de votre visite de Royan car sa discrétion est toute sa beauté. L'un des plus beaux moments de cette architecture est bien la manière dont il articule l'espace de la rue à celui du Centre Protestant qui nous accueille avec une grande subtilité découpant dans le ciel une ouverture, proposant un espace mixte ni intérieur ni extérieur sous une ombre bienveillante. Mais il faut aussi entrer et voir l'intérieur dont l'ensemble mobilier est une merveille baignée de lumière.
Et, la chaire de bois tendu et dense, me fait penser aux très belles maquettes de Sainte-Bernadette-du Banlay...

L'invention d'une Ville, Royan années 50
Collectif, Cahiers du Patrimoine.
Gilles Ragot directeur de publication.
éditions du Patrimoine.
isbn-2-85822-754-3