dimanche 17 août 2014

Délégation brutaliste à Trieste

Je reçois de Claude Lothier cette carte postale :



Dans un soir bleu nuit, derrière une masse sombre mouvante, une forme prend place. Pyramides tronquées dont la structure serait toute entière triangulée, le Temple Marial de Monte Grisa semble tout blanc. Sans doute que les lampes puissantes lui donnent ce caractère de maquette en sucre, sans doute qu'il ne faut pas trop vite croire en cette couleur que l'éditeur Fenice nous offre. Mais quel est donc ce monument brutaliste posé ainsi ? Qui dessina cet objet curieux et affirmé ?


Heureusement le Comité de Vigilance Brutaliste est riche et il peut envoyer à travers le monde des délégations pour photographier, voir, enquêter. Nous avons donc envoyé Claude Lothier sur place pour un reportage exclusif sur le brutalisme d'Art Sacré à Trieste. L'architecte de ce temple est Antonio Guacci dont le reste de la carrière reste mystérieux. On pourrait devant une telle structure évoquer un mélange entre Pier Luigi Nervi et Scarpa, une sorte de monstre hésitant entre apothéose de la structure comme esthétique et jouissance absolue d'un fractal décliné à l'envie. La forme de base n'étant pas celle d'un triangle mais d'un M... pour marial...
Qu'importe !
L'objet est là, superbe à notre désir brutaliste, monument puissant refusant l'intégration, accusant même sa monumentalité comme le geste architectural nécessaire à sa fonction mémorielle et sacrée. Nous y ferons des messes brutalistes clandestines, nous y ferons des sacrifices rituels et orgiaques sur l'autel de béton les soirs de Lune rousse, nous y danserons nus et saoulés par des breuvages de sang, d'herbes folles, nous y enfumerons les espaces d'incendies de Mandragore, d'anis étoilée, de thym sauvage. Les nouveaux initiés devront en lécher les parois et laver les marches de leur langue irritée. Dans des cris puissants, rauques, venant des fins fonds de la Maison des Feuilles, nous ferons vibrer le béton. Puis, épuisés, oubliés à nous-mêmes, couverts de suif, habillés de fougères, de fourrures, nous nous réveillerons des années plus tard, ailleurs, bouleversés, inconnus et puissants...........................................
........ Enfin, euh... bon. Pardon, je me laisse aller. J'étais un peu perdu là.
Bonne visite avec les photographies de Claude.
Remercions-le vivement pour cette visite par procuration. Remercions-le en allant voir son blog. Merci Claude.









































2 commentaires:

  1. forcément, il faut aimer le béton! techniquement c'est bleufant!

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  2. ça c'est de l'architecture avec un soin extrême aux détails, aux raccords...aux volumes, à la lumière... au béton. Quel beau matériau que ce béton...Quelque fois dans mes rêves il m'arrive de voir ensemble Le Corbusier et Scarpa...

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