samedi 25 octobre 2014

La pyramide d'usage



Entre les petits pins juvéniles, monte une pyramide blanche et hérissée de pointes.
Elle porte une ambition dans son nom : Babylone !
La carte postale est superbe aussi parce qu'elle nous donne à voir une ville tranquille, ensoleillée et moderne. Aujourd'hui, le Combi Volkswagen ajoute encore à la joie vintage de l'image. Qui aura aussi regardé le mobilier urbain de béton au premier plan ?
Comme nous sommes à la Grande Motte, on pourrait rapidement attribuer cet immeuble à Jean Balladur or il est de Vignal.







Au dos de la carte postale, Yolande donne son avis sur l'architecture. Ce qui est rare.
"Je t'envoie une vue d'un immeuble qui est juste à côté du nôtre, il est très original."
C'est peu mais c'est vrai. On notera que le mot original n'est ni totalement négatif, ni vraiment positif laissant un doute planer sur le jugement, jugement que Yolande, par politesse laisse à sa correspondante.
À la frontière franco-espagnole :



Il fallait montrer la frontière, il fallait montrer ce passage. Mais le photographe des éditions Postales Internacional Color devait aussi montrer la Pyramide de la Liberté. Alors il se passe ce qui se passe, les autos arrivent, les bus font la queue, les cônes de plastique sont là. Et étrangement ce n'est plus le monument de Ricardo Bofill que l'on regarde mais les bras nus posés sur les portières, l'écrasement des amortisseurs de la Ford, la porte ouverte du bus. On regarde cette vie, ce moment, ce ça de l'image qui dit que l'attente due à la géographie politique est l'objet de l'image.
Personne sur les escaliers de Bofill, personne ne monte là-haut sur la Pyramide de la Liberté.
La liberté c'est les vacances, remplir le coffre de Pastis pas cher et de cartouches de cigarettes, c'est avoir bronzé au soleil espagnol, c'est une époque où la climatisation des automobiles fonctionnait en ouvrant plus ou moins les vitres... Et l'adolescent fait un V de la victoire au photographe repéré.
Qui voudrait monter là-haut sous un soleil de plomb ?
Et pour quoi faire ?
Le monument agit comme un énorme signe, un rien inutile, marquant mais pas pratiqué. Comme une ruine moderne, présente certes, belle aussi, mais ignorée à sa fonction. C'est une image.
J'en aime la grandiloquence, j'en aime son vide de visiteur, sa végétation cuite et jaunie, désespérée.
Il faudra l'oublier totalement. Puis, un jour, soudain, se la rappeler cette pyramide, la redécouvrir comme un monument ancien et oublié.
On viendra là voir ce tumulus aussi parce que la frontière et sa symbolique n'auront plus de sens.





1 commentaire:

  1. LECLERCQ URBANISTE6 juillet 2017 à 17:16

    VIGNAL ou CASTELLA ,l'architecte ? CAR SI C'EST ''Le TOBLERONE '' son surnom c'est CASTELLA normalement...

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