samedi 8 novembre 2014

Les enfants de Le Corbusier

Le ciel est blanc.
Tout commence toujours comme ça.
La roche au loin offre une ligne sérieuse quoique un peu floue.
Puis vient soudain une géométrie, la poésie d'un angle ombré.
Et le flot invraisemblable des rires éclaboussés, éclaboussants.
L'image nous dit immédiatement d'où nous regardons cette joie solaire abreuvée d'eau fraîche séchant rapidement sur un béton brut.



Marseille, la Cité est bien Radieuse. Les minots sautent, jouent, chahutent, libèrent les retenues de leurs petites vies débutant ici dans le ciel d'une architecture iconique.
On doit cette carte postale rare à l'éditeur Sciarli qui nous avait déjà offert la carte postale étonnante de la cuisine en fonctionnement maman-fille.
On notera l'appellation "Le Corbusier" et non pas Cité Radieuse.
Regardons bien.
Le photographe est certainement lui même dans la pataugeoire !
Il compose une image au format étonnant laissant un cartouche en bas de l'image. Certainement une mise à disposition optimale du négatif face au format 10x15 cm de la carte postale. La composition est d'ailleurs très solidement appuyée par la verticale de la cheminée et les registres prennent place avec intelligence : la pataugeoire, la terrasse, le paysage, le ciel. Une grosse moitié de l'image est ainsi parfaitement animée et même très joyeuse puis le calme monte doucement vers le haut du cliché. On trouvera aussi dans la posture de la femme marchant vers le photographe et le regardant une façon habile d'établir dans l'image une forme sereine.



C'est bien elle, cette femme, qui nous rend complice de l'image, nous accueille dans le cadre. Son habit me fait immédiatement penser à ma grand-mère qui, sur des photographies des années cinquante portait également ce type de coiffure mais aussi cette salopette serrée à la taille. La femme moderne de cette période s'habille ainsi. C'est chic et pratique.
Mais qui êtes-vous Madame ? Une institutrice de l'école de la Cité Radieuse ? Une mère venue garder et surveiller les enfants ? Les deux peut-être ? Sur la photographie, il n'y a que vous et le photographe comme adultes.
Au loin, des enfants du même âge ou un peu plus vieux jouent sur les roches de béton. Qui décidait que tel ou tel enfant devait se baigner ? Sont-ils venus là exprès ?
On va tous les regarder, tous, un par un. On va regarder les enfants de Le Corbusier.
Aimer l'architecture, aimer celle qui prend en compte les enfants, à leur hauteur. Aimer cette responsabilité, offrir le ciel, l'eau, la fraîcheur. Aimer Le Corbusier simplement pour ça, un après-midi au soleil sous le ciel de Marseille, jouer à la mer, sur un rocher, avec la géométrie toujours pliée sous le rire des enfants. Merci.


Précisions du matin :
Je reçois de la part de Léa Baudat et de Jean-Marc Drut la confirmation qu'il s'agit bien de l'institutrice Lilette Ripert qui est photographiée ici. On m'informe également que Louis Sciarli, le photographe, habitait également dans la Cité Radieuse et qu'il est toujours vivant. Il s'agit donc d'une photographie de "proximité" et de complicité d'habitants. Et cela se voit, se sent. D'autres nombreuses images ont bien été produites par Monsieur Sciarli. Espérons que nous les trouverons également éditées en cartes postales !
Merci Léa et Jean-Marc pour vos informations.


















2 commentaires:

  1. J ai bien connu Lilette de 1969 à 1973.Nous avons voyagé ensemble en Amérique du Sud, nous nous sommes retrouvés à San Francisco, je suis allé dans son appartement, elle m en a expliqué tout l agencement...Depuis cette dernière date, je suis devenu Expert auprès de l ONU et nous nous sommes perdus de vue
    Qu est devenue Lilette ?
    Ma dernière nouvelle, c est quand elle a été reçue par Giscard d'Estaing.
    Moi, je suis en retraite près de Grenoble.

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    1. Bonjour . Je suis Elsa Ripert . Lilette était ma grande tante , la sœur de mon grand père , et donc la tante de mon papa. C’est très émouvant de tomber sur votre commentaire …Je vous lis depuis le restaurant de la Cité radieuse , le temps d’un week-end à Marseille , sorte de retour aux sources…

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