jeudi 19 février 2015

Faire un, non, 33 tours avec Émile Aillaud

On va sonoriser un peu ce blog, au moins pendant deux articles.
Commençons par ce disque 33 tours intitulé Émile Aillaud parle, l'architecture un problème d'individus. Ce disque appartient à la collection Français de notre temps, production de l'Alliance Française, donc très officielle et certainement mise en place pour diffuser le génie français dans les établissements scolaires par exemple ou dans tout autre lieu de culture. Au dos de la pochette, la liste des personnalités est incroyable et j'aimerais beaucoup avoir les disques de Marguerite Duras, Raymond Queneau, Le Corbusier, et des jeunes agriculteurs.





Le disque est un petit format proche d'un 45T mais c'est bien un 33. On notera en bas de la pochette le petit texte qui contextualise l'enregistrement : "Confortablement installé dans son bureau, insensible aux bruits de la rue St-Honoré, M. E. Aillaud nous a développé ses rêves d'une architecture adaptée à l'habitat humain de "l'innombrable". Le nous reste peu identifié et la voix féminine qui fait l'interview reste anonyme... Dommage.
La photo de la couverture est de Kossakowski et on voit l'architecte en mode pensée active avec sa célèbre cravate lavallière.
On notera une attention très particulière à la place de l'enfant dans l'architecture, à une attaque en règle des aires de jeux telles qu'elles sont organisées et même des maisons de jeunes.
"Pour que l'on puisse aimer un autre, deux autres, et puis c'est tout."
On aimera le passage sur les architectes entourés des avis des sociologues et des pharmaciens ainsi que les positions sur la préfabrication mais surtout l'architecte comme modèle conscient de ses responsabilités.

Pour entendre la voix d'Émile Aillaud, cliquez sur l'image ou sur ce lien :
https://vimeo.com/119972495


Comme je vous donne à voir mais surtout entendre ce disque, je ne ferai pas de transcription du texte mais je vous donnerai comme ça quelques citations pour colorer un peu la carte postale qui va servir à illustrer les propos de l'architecte même si les constructions évoquées par Émile Aillaud sont bien plus récentes que celles des Courtillières puisqu'il parle de la Grande Borne et des Miroirs de la Défense, dont, il faut le dire de suite, même si j'ai une sympathie pour cet architecte, heureusement n'ont pas été construits.
"L'architecture n'étant que le support et le cadre d'une vie éventuelle ce n'est pas du tout une fin en soi."

"L'enfant qui m'importe n'est pas le moutard qui joue c'est l'adulte qu'il sera."

"Ce n'est pas l'habitation elle-même, c'est l'entour qui me paraît important, cette sorte de tendresse."

"Tout le monde a son mot à dire..."

"L'architecture n'est jamais la meilleure des solutions."

"Loger l'innombrable implique également une architecture."

"Il faudrait donc trouver un ordre caché sous l'apparent désordre."

"De même que  les feuilles de l'arbre sont toutes pareilles et que leur frondaisons sont innombrables on pourrait faire d'une architecture innombrable également un événement surprenant et c'est peut-être là que ce trouverait la forme du futur, peut-être."



La carte postale Yvon nous montre donc le Parc des Courtillières avec un point de vue très tranchant puisque la rue traverse l'image comme un canyon coupant à sa guise tout ce qui se présente !
Je n'arrive pas à retrouver le point de vue de cette image sur Google, il semble que cette hauteur ait disparu tout comme les petites barres du premier plan. La carte postale nous montre une petite animation, on devine un marché. On remarque aussi l'absence pour l'instant d'une végétation qui fait monter dans l'image l'architecture confrontant les courbes et les droites, les plans et les ombres. On retrouve au fond de l'image des immeubles que nous avions déjà vus par exemple ici.
Pour information, la carte fut expédiée en 1959 le 26 octobre pour être précis. L'expéditeur se plaint que  le temps est gris et brumeux, certainement un signe Grautag à Nicolas Moulin.


















2 commentaires:

  1. Comme je l'avais posté il y a quelque temps sur votre ancien blog, j'ai longtemps vécu pas loin des Courtilière. Je traversais cette cité pour me rendre à pied de l'ancienne gare de Bobigny (tristement connu pour avoir été pendant la guerre, le départ de déporté vers les camps en Allemagne) près de laquelle mes parents et moi vivions, jusqu'au métro Fort d'Aubervilliers ( un lieu architecturale à creuser..) Dans mon enfance et adolescence les bâtiments y était peint de couleur vive, bleu, marron puis , je crois bien vers 1980, ils furent recouvert de leur actuel revêtement ( sorte de briques ).. Je devais d'abord emprunter l'ancienne voie ferrée qui menait les trains de marchandises de la gare de Bobigny vers l'usine de l'Illustration ou était fabriqué le journal (ou mensuel) du même nom. Je traversais les terrains vagues qui séparaient la cité de l'Abreuvoir ( un lieu architectural à raconter ) des terrains de foot qu'on appelait les terrains du stade français. Cette petite voie ferrée abandonnée, quand je l'empruntais, c'était toujours pour moi l'occasion de laisser mon imagination voyager..

    Nasser

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  2. Très très beau témoignage, Nasser. Merci, vous rendez l'espace vivant.

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