samedi 11 avril 2015

André Gomis, Pierre Paulin et les eaux chaudes



Dans une lumière orangée tombant du plafond percé d'ouvertures régulières, des dames d'un âge un peu avancé, attendent enfoncées tranquillement dans des sièges de Pierre Paulin du même modèle F304 que nous avions vu ici.
Tout est calme.
Ce qui aujourd'hui pourrait évoquer la modernité future d'un film de Stanley Kubrick n'est en fait ici que le salon de la Station Hydrominérale et Climatique (sic) de Balaruc-les-Bains. Nous sommes, si je ne me trompe pas, chez l'architecte André Gomis dont nous avons déjà évoqué ici le nom et qui fut l'un des grands modernes un peu oubliés aujourd'hui dont il faudrait rapidement revoir l'œuvre entière à sa juste valeur. La carte postale est une édition du Bureau d'Étude Photographique Provence.
Regardons depuis l'extérieur :



D'ici, c'est comme une ligne ininterrompue de briques cernées d'un béton blanc, à peine ouverte et portant comme un socle immense la pyramide noire éclairant le centre des thermes. Tout est superbe dans cette carte postale Apa-Poux. Les tons chauds de la terre battue au premier plan, la réponse qu'en fait la brique, la ligne blanche tirant la construction à chaque bord de l'image, le contrepoint orange de la Renault 4 et enfin, perçant le ciel l'ombre calcinée de la pyramide dans le bleu céruleum du ciel. Comment ne pas tomber amoureux d'une telle image et surtout d'une telle construction ? On aimera le léger et subtil porte-à-faux des thermes donnant une légèreté à l'ensemble.
Reculons un peu :



Entre deux arbrisseaux, une sculpture non-identifiée pouvant être tour à tour de Szekely ou de Stahly est posée dans une flaque d'eau limpide. Au loin, la ligne des thermes de Balaruc-les-Bains et sa pyramide qui semble de ce point de vue bien plus grande. Tout cela semble étrangement isolé, posé là. On voit comment les courbes de la sculptures jouent ici avec la rigueur géométrique de l'architecture dans une composition simple de la Société des Éditions de France.
Rapprochons-nous :



Expédiée en 1972, la carte postale des éditions la Cigogne nous montre une fois encore le jeu possible entre ce vide du terrain et comment la sculpture-fontaine s'amuse avec les thermes. Mais qui donc a sculpté ce galet ? Philolaos avec lequel André Gomis avait déjà travaillé ?
Une autre belle sculpture...



La 2CV Citroën cette fois joue le rôle de l'objet sculpté au pied de l'architecture dont on devine un peu mieux les détails. Le photographe des Éditions de France décide cette fois une minéralité plus grande presque sèche permettant surtout de saisir l'événement architectural que représente la pyramide. On aimera aussi le très long mur aveugle ne donnant aucune information sur l'objet de cette architecture radicale et belle.
Et prenons un peu de hauteur :



Comment d'ailleurs avons-nous pu ainsi monter si haut ?
Cette fois le photographe du Bureau d'étude Photographique Provence qui régale et nous permet de mieux comprendre le plan. La pyramide prend bien sa place et on devine sur le toit herbu les lucarnes qui éclairaient le salon de la première carte postale. Une Renault 10 a pris la place de la 2CV, l'ensemble des thermes reste ainsi toujours fermé sur l'extérieur comme pour en protéger les fonctions et l'intimité des soins. Au fond on devine le beau V.V.F du même André Gomis. On reparlera bientôt de cette autre construction d'une très grande qualité.
Que croyez-vous qu'il advint de ces beaux thermes ? Si vous voulez une application dans le réel du mot sagouin, allez voir...








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