samedi 20 février 2016

Suprématisme ou Bauhaus socialistes

Il y a des icônes que nous aimons retrouver et qui sont toujours plaisantes à voir. Il y a donc des cartes postales qui nous permettent d'inventer avec elles des relations permettant de pallier l'absence d'une vraie rencontre dans le réel.




D'abord, il faut toujours remercier ceux qui vous ont permis de les rencontrer, de les découvrir. Ne pas faire semblant d'être un inventeur mais dire combien nous devons à ceux qui nous ont donné à voir pour la première fois cette icône. Ici c'est Frédéric Chaubin que je dois remercier car c'est bien dans son livre CCCP cosmic communist constructions photographed que j'ai vu pour la première fois ce ministère géorgien des autoroutes. Ensuite, il faut remercier les auteurs de la construction, ceux qui ont dessiné cette merveille, ceux qui l'ont pensée. Ici nous devons remercier les architectes G. Tchakhava, Z. Djalaganiya, T. Tkhilava, V. Klinberg. Puis nous devons remercier les auteurs de cette image, de cette carte postale qui nous permettent de voir et revoir notre icône, ici d'une très belle manière. Malheureusement en écriture cyrillique, je ne peux pas bien le faire. On notera que la carte postale est datée de 1979. On notera aussi une impression un peu pauvre, un peu limite, dont le calage de la quadrichromie est un rien vite fait, tremblant, mouvant mais cela, voyez-vous, je l'aime bien, cela dit beaucoup des circonstances et de l'idée de perfection d'un monde. Et, la Lada posée dans l'angle ajoute aussi à cette ambiance.
Alors on a déjà chanté ce bâtiment comme un condensé dans le réel des expressions d'un constructivisme et d'un suprématisme qui auraient enfin pu atteindre à la réalité la plus radicale. On a déjà raconté comment les superpositions des barres, les unes sur les autres, dans une simplicité digne d'un jeu de construction, forment là l'extrémité d'une pensée architecturale ayant eu la chance dans son pragmatisme de trouver une politique se reconnaissant dans ce signe architectural évoquant le rôle de cette construction.



Peut-on à la fois faire plus pauvre ou plus pur ? Peut-on réduire davantage l'architecture ? Regardez comme on perçoit au travers des fenêtres, les poutres en diagonale supportant le porte-à-faux ! Sans chichi, sans regret, sans camouflage. Merveilleux !



Voilà une autre carte postale qui a comme point commun une certaine politique.
Nous sommes à Ostrava devant une succession de petites barres toutes identiques. Ostrava est maintenant en Tchéquie. La carte postale d'une facture assez pauvre est une édition Orbis mais sa qualité photographique est réelle. Il y a dans ces petites barres de logements quelque chose hérité du Bauhaus dans l'arrondi des balcons, leur liaison avec la cage de verre et la radicalité d'un dessin pur sans ornement autre que la grille des ouvertures très généreuses d'ailleurs. On peut comparer ce dessin avec celui de la barre de logements à gauche bien plus pauvre en termes de dessin. On notera là aussi, comme chez nous, la présence des enfants venant voir le photographe et restant à une distance respectueuse. Si on va sur Google Earth on retrouve ces petites barres, toujours debout, toujours occupées. Qui aujourd'hui en envoie des cartes postales ? Y en a-t-il encore de disponibles ? qu'est devenue cette fierté d'image ?
Bien évidemment je n'ai pas le nom du ou des architectes ayant réalisé ces immeubles appelés par la carte postale : Ostrava-Stalingrad, Dvouletkové domy...









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