mardi 31 mai 2016

English brutalism for a french student

Un gazon parfaitement entretenu qui garde encore les traces fraîches de sa tondeuse, une branche venant dans le ciel, au premier plan, raconter le paysage, puis au fond, sur la ligne médiane de la carte postale, une succession de quatre pyramides ajourées.
Nous sommes en Angleterre.



La carte postale des éditions Cotman-Color publiée par Jarrold and Sons est typique des productions anglaises, d'abord par son format plus petit que celui des cartes postales françaises, puis aussi par ses couleurs toujours saturées, enfin au verso, beaucoup d'indications et de précisions mais on n'oublie pas d'oublier... le nom de l'architecte.
Ici nous sommes donc à l'Université de East Anglia qui reçut en 1969 le prix "Civic Trust Design awards". Mais qui le reçut ? Quel architecte ? Facile... C'est Denys Lasdun !






On devine aussi, d'un peu loin certes, un travail d'architecture abouti, solide et brutaliste. Même depuis cette distance, distance qui veut certainement adoucir la dureté de l'architecture en la noyant dans sa verdure, on arrive tout de même à sentir ce travail d'une volumétrie puissante, d'un béton brut d'une très grande qualité. Ce qui saute aux yeux depuis cette carte postale c'est bien que la forme générale est reconnue, admise comme un héritage de l'histoire la plus ancienne de l'architecture, la pyramide, mais percée, ouverte, creusée d'alvéoles, et qui offre aussi l'occasion d'une circulation et surtout d'une jubilation du paysage, comme dégagé par la concentration des espaces dans ces pyramides.
La densité invente donc à la fois une forme et libère un espace dont on questionnera le vide total depuis cette carte postale. Quoi faire de cet immense champ vert sans aucune ponctuation autre que l'architecture ?
Pourrait-on trouver d'autres points de vue de cette architecture pour mieux en saisir les qualités développées par Denys Lasdun ?
Oui !
Par deux fois, l'Architecture d'Aujourd'hui donne à voir l'Université de East Anglia. Le texte d'introduction nous permet bien de relativiser la vision champêtre de l'ensemble donnant l'illusion d'une intégration et d'une préservation alors même que ce paysage est en fait totalement bouleversé. On comprend aussi que ces pyramides sont un rempart cachant depuis ce point de vue l'immensité du campus qui se tient à l'arrière de cette ligne de front qui offre aux résidents une vue totalement dégagée des bâtiments pédagogiques qui se trouvent toujours en liaison par l'arrière mais invisibles depuis les chambres. On comprendra aussi que si brutalisme il y a, il est surtout dans un béton clair à sa charge, à des formes retenues seulement à leurs usages, à une massivité de l'ensemble traité comme un paysage en soi. Pour le reste, l'analyse des besoins, les relations au paysages et aux fonctions entre elles, tout cela dénote d'un héritage moderne reconnu. L'ampleur du programme fait surtout l'étonnement de sa réalisation et la nécessaire puissance de son horizon.
On notera enfin que Catherine, la jeune étudiante ne dit rien de négatif sur son université. On ne sait pas comment remplir les trois petits points de suspension à la fin de sa phrase. "un séjour vraiment passionnant..." Il fait sans doute très très chaud à East Anglia...

On trouvera sur ce site de très belles images contemporaines de cette superbe université :
http://viewportmagazine.com/architecture/brutalism-on-campus/




 



 



 







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire