samedi 30 juillet 2016

Atterrissage d'AÉROLANDE chez Taillibert ?

Ne nous privons d'aucun plaisir, même les plus minuscules. 
J'aime toujours autant découvrir dans une carte postale un petit rien, une broutille, une pétouille qui construisent aussi mon goût des plongeons dans les images et les photographies de cartes postales.
Que cela soit sur des cartes postales simples ou en vues multiples, il est toujours plaisant, au pied de nos belles architectures, de trouver des éléments supplémentaires à notre joie.
On commence ?



Cette très belle carte postale nous montre l'un des lieux essentiels de l'architecture du Vingtième Siècle en France, l'ensemble Olympique de Font-Romeu par Roger Taillibert. Il est aisé de comprendre sur cette photographie des éditions DINO expédiée en 1981 ce que nous pouvons aimer. Nous avons déjà eu la joie de voir ce lieu sur ce site et Roger Taillibert est vraiment l'un des grands architectes de cette période. Comment ne pas aimer cette image ?














































L'étendue des bleus blanchis, le jeu parfait des masses se répondant les unes aux autres, la subtilité des ouvertures, des percées, des fermetures, la composition solide des volumes, tout cela est à l'évidence une chance architecturale et photographique. Même la diagonale en pointillés des bouées rouges de la piscine ajoute à la solidité de cette image. Rien à dire, un archétype de ce que nous défendons sur ce blog, presque un Manifeste.
Mais en plus...
Regardez...



N'est-il pas beau ce petit édicule en toile tendue ? Qui a dessiné et édité cette petite architecture de textile qui évoque parfaitement son époque et les recherches liées aux structures et aux tensions des toiles par Emmerich ou Frei Otto ? Qui aurait encore quelque part cette micro et mobile architecture ?
Dans un numéro de Techniques et Architecture, je trouve un article sur l'éditeur AÉROLANDE qui propose des abris modulaires, légers et démontables dont la ressemblance avec notre détail est troublante. S'agit-il bien de la même chose ?
Pas si sûr.
On remarquera ici que la structure des tensions semble visible depuis l'extérieur. Pourtant...
On sait aussi que Roger Taillibert fut un grand amateur d'architecture textile, couvrant des piscines ou des stades avec des systèmes élaborés, rappelez-vous ici :

http://archipostalecarte.blogspot.fr/2015/08/les-thiolettes-sont-au-fond-gauche.html

http://archipostcard.blogspot.fr/2012/01/organique-canadien.html

Même si cette revue techniques et Architecture ne nomme pas les concepteurs, il est aisé sur l'internet de trouver alors des informations sur ce groupe AÉROLANDE formé par Jean Aubert, Jean-Paul Jungmann, Antoine Stinco qui sont, excusez-moi, de joyeux et sérieux architectes si typiques de cette époque mêlant situationnisme, Utopie (aussi, comme la revue du même nom), festivité de l'éphémère et du gonflé. On aime ça sans retenue (sauf le situationnisme, cela va de soi). Aujourd'hui on dirait de l'architecture Pop, comme Pop ! quand on crève un ballon. On notera qu'un article collectif sur l'architecture textile fut écrit par le groupe AÉROLANDE dans un numéro spécial de Techniques et Architectures sur le textile. Si l'article est souvent très juste et évoque avec raison la poésie des villes de toiles, des cirques, des marchés, on s'amusera aujourd'hui que le groupe qualifie de féminin la présence du tissu dans l'architecture et regrette cette absence de féminité...
Mesdames les architectes, remettez des tentures et des rideaux aux fenêtres !
Madame René Gailhoustet a dû s'amuser à cette lecture.
Qu'importe ! Puisqu'on se régale de leurs travaux !
Alors, peut-être que lorsque la légèreté d'une toile tendue rencontre le beau béton dressé, c'est simplement d'amour dont il est question.





 













vendredi 29 juillet 2016

Sylvain Bonniol, portfolio au Forum

Hier, nous avons regardé une carte postale du Forum dessiné par Jean-Pierre Secq.
Mais, grâce à la sagacité de notre ami Sylvain Bonniol, photographe et au très utile et précis site PSS, voilà que nous pouvons trouver une nouvelle piste : Willerval !
Nous connaissons bien Willerval sur ce blog et nous aimons certaines de ses réalisations comme l'incroyable et divine caserne Massena à Paris.
Avec ce nom d'architecte, il est aisé de retrouver un article dans l'Architecture d'Aujourd'hui consacré à cet ensemble immobilier de Lille. Le Forum y est décrypté sur une page qui oublie complètement de nommer Jean-Pierre Secq... Qui fit quoi ? Jean-Pierre Secq fut-il le simple relais régional de l'architecte Jean Willerval ?
En attendant d'avoir une réponse, nous allons nous régaler deux fois. D'abord par les très belles photographies réalisées par Sylvain Bonniol dont nous avons toujours beaucoup de joie à montrer et voir le travail. Je vous invite pour le remercier à aussi aller faire un tour sur son site, vous serez très heureux de cette promenade dans ce qu'on appelle la Photographie qui sait, chez lui, sortir de l'académisme contemporain de la topologie creuse et épuisée. Pour voir au mieux les photographies de Sylvain Bonniol, cliquez dessus.
Merci de ne pas copier ses photographies sans son autorisation et de respecter ses droits à l'image.

http://bonniol-photo.com/

Puis, nous regarderons l'article de l'Architecture d'Aujourd'hui de 1973 qui ne nomme pas, lui, son photographe !








































mercredi 27 juillet 2016

Jean-Pierre Secq et brutaliste

Vous vous souvenez sans doute de notre plaisir à évoquer le travail de Jean-Pierre Secq à Loos.
Je vous avais promis que nous reparlerions de lui dès que l'occasion nous en serait donnée.
Eh bien voilà :



Oui, je sais.
C'est très beau.
Très Métabolisme japonais. Pourtant nous sommes en France, à Lille, au Forum.
On trouve bien un vocabulaire brutaliste à la française, propre, lisse, tendu mais puissant, affirmant par son dessin la richesse d'une répétition de façade faisant alterner de très grandes ouvertures sombres et du béton blanc sans décor. (Et pour quoi faire ?)
On remarque un travail complexe et subtil de jonction avec le sol, d'immenses pilotis soutenant l'ensemble et permettant de glisser dessous des hauteurs variées et des ombres qui soutiennent le construit.





La carte postale est une édition la Cigogne sans date ni photographe. Je reste, une fois encore, étonné qu'un tel programme ait pu bénéficier d'une telle édition. Y avait-il donc un marché suffisant pour porter ce désir de partage d'une telle architecture ? Nous ne pouvons que nous en réjouir. Autre étonnement, le fait que la Google Car soit passée sous le bâtiment pour photographier ce dernier depuis son arrière ! On voit même le véhicule passer sous le tunnel !
Je crois reconnaître au pied du Forum l'un des travaux de Yvette et Bernard Alleaume, les sculpteurs paysagistes qui ont travaillé aussi avec messieurs Andrault et Parat. Mais sans certitude. Il ne semble pas que cet ensemble du Forum par Monsieur Secq ait été publié. En tout cas, je ne trouve rien dans mes revues.
On aura plaisir à retrouver bientôt d'autres œuvres de Jean-Pierre Secq qui compte donc parmi les plus grands brutalistes français.

Presque le même point de vue :





 



 



 

mardi 26 juillet 2016

Je m'occupe de tout

 

Gilles ne se souvenait pas comment et quand il avait appris le nom de cette plante, le Dracaena. Il ne savait pas non plus depuis quand il la fixait ainsi dans la salle d'attente de l'hôpital.
Il ne savait plus grand chose. Il avait tellement tortillé le papier d'assurances que lui avait donné la dame à l'accueil que celui-ci était devenu une sorte de branche morte, un petit bâton dur et inutile maintenant. Il vit alors le jour poindre au travers d'une fenêtre, étrangement il plaça ainsi l'Est, l'Ouest et l'ensemble de la rose des Vents en regardant ses pieds. Il avait un soudain besoin de connaître parfaitement sa position face aux astres nombreux.
Son étoile venait de s'éteindre.
Hans était mort cette nuit.
Était-ce bien une nuit d'ailleurs ?
Il sentit une odeur fraîche et presque joyeuse arriver à sa gauche. Il crut d'abord que cela provenait de la plante avant de comprendre qu'une infirmière lui parlait déjà depuis quelques minutes. Elle lui tendait un gobelet de plastique parfaitement blanc contenant un liquide chaud. Il sourit un peu, remercia,  il sut même demander s'il pouvait téléphoner.
Il n'eut que des réponses positives à ses questions, son corps réussit à se lever. Il se rappela le numéro de téléphone des parents de Hans, il se rappela même l'indicatif international pour l'Allemagne. Il ne se rappela pas ce qu'il leur dit. Il se réveilla soudainement sur une banquette en skaï quelques minutes plus tard. Alvar était là. Mohamed était là. Sidonie était là.
Il comprit au visage d'Alvar que ce dernier avait pleuré.
 - Je m'occupe de tout, rentre à la maison, Sidonie va t'y emmener, dit Mohamed doucement à son frère.
 - Je veux voir Hans, répondit Gilles.
 - Moi aussi, dit soudainement Alvar.
 - Tu crois ? Vraiment ? Alvar ? laissa échapper son père.
 - Oui, avec toi, Tonton. Répondit le jeune homme...................................................


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 - Fais voir ! T'en as trouvé une ? Super ! Il va être trop content !
Hans montrait à Alvar la carte postale de l'auditorium Ravel de Lyon à son neveu. La bâtisse comme une immense et lourde arche de Noé posée sur ses cales avant son lancement prenait toute la place du cadre de l'image.
 - Ja, je croua qou ton grand-père i va aimer ça non ?
 - C'est certain ! Tu le connais ! À l'entendre, il aurait tout construit en France !
 - Ja ja mais je croua que c'est un homme bien. Beaucoup aidé nous, tu sais, ton grand-père, beaucoup soutenu moi et Gilles et toujours là, tu sais, tu dois savoir ça.
 - Je sais ça Hans, je sais.
Alvar serra le bras gauche de Hans. Ils regardèrent la carte postale puis soudain Alvar appela son oncle resté au près de l'auditorium pour en faire encore un cliché de la construction.
 - On rentre ? demanda l'adolescent.
 - Oh non, pas encore, non mais, dis-donc t'as pas vu le parking là derrière ? Non mais regarde-moi cette merveille ! rétorqua Gilles à son neveu.
 - Faut que je vous l'avoue... Parfois, j'en ai un peu marre de l'architecture et de tous ces machins en béton, j'veux dire entre mon père à l'agence, mon oncle photographe, le grand-père qui veut toujours des nouvelles de ces vieilles constructions et des dernières de l'agence... Parfois, j'aurais envie d'autre chose ! lacha Alvar en joignant le geste à la parole et en allant s'asseoir sur les marches.
 - Mais, Alvar, tou a moi ! Moi je suis le allemand qui te apprend patin à glace, le bicyclette, la montagne ! Nous deux, on devrait partir ensemble sans ceux-là ! Tous les deux, en marche vers la montagne ou alors, en bateau. Voir les iles dans le nord de Allemagne. Tu veux ? Nous deux ! Hein ? Gilles possible ? sans toi ?
 - Mais oui, faites-ça ! Je ne comprends pas d'ailleurs pourquoi vous ne l'avez pas déjà fait ! Tiens, disons en juillet, vous louez un voilier et hop ! Vous foutez le camp tous les deux. Moi, je resterai à vous attendre et j'irai vous chercher pour le retour.
 - Mais Tonton, tu crois que papa il voudra bien me lâcher comme ça ?
 - Mohamed ? Ton père ? Je m'occupe de tout, Alvar, je m'occupe de tout.

Par ordre d'apparition :
 - carte postale USE, Dracaena, Kalnchoe, Peperomia, expédiée en 1986.
 - Lyon, l'auditorium-Palais Maurice Ravel, architectes Pottier, Paris et M. Delfante, Lyon. Édition Combier sans date ni nom de photographe.

lundi 25 juillet 2016

Pierre Dufau délicat




Oui, délicat.
Sur ce blog nous aimons Pierre Dufau.
Nous aimons ses grandes machines, sa grandiloquence, sa puissance, et sa subtilité toujours apparente à celui qui veut bien la découvrir.
Regardons l'une d'elles, l'une des plus belles à mon avis.
Nous sommes à Biarritz, sur sa plage grâce à une carte postale des éditions Combier datée de 1980 par l'éditeur. On y voit bien un immense bâtiment blanc qui s'impose face à la régularité des autres constructions du front de mer. J'aime déjà comment il s'impose, refusant l'intégration stupide d'un faux semblant.



Ce bâtiment est bien de Pierre Dufau, il s'agit du centre de Thalassothérapie Louison Bobet, aujourd'hui Sofitel. Une sorte de grand U dont les branches tournées vers la mer s'épuisent en gradins pointus et triangulaires offrant au maximum de chambres une vue sur le grand large. Au creux de ce U, une immense piscine est installée. Tout en haut, comme posée sur la fin, une construction a atterri pour une fois encore, débordante un peu, en porte-à-faux, offrir la vue. Comme cela doit être spectaculaire et grisant de pouvoir accéder à ce sommet de l'architecture française, à cette montagne artificielle construite là.
Je ne peux m'empêcher en regardant cette beauté de penser à Anglet et à sa chambre d'Amour tout aussi imposante.
Le très beau et riche site consacré à Pierre Dufau, nous apprend la difficulté du programme et du terrain, ce qu'une visite sur Google Earth traduit parfaitement. La masse est bien sertie dans l'urbain. J'espère que certains d'entre vous auront la chance de passer un bel été là, dans cette machine superbe, face à la mer. Pour ma part, depuis mon avion de papier, depuis mon image, j'en rêverai.
http://www.pierre-dufau.com/realisation.cfm/62361-miramar_-_thalassotherapie_louison_bobet.html

Pour revoir tous les articles sur Pierre Dufau :
http://archipostcard.blogspot.fr/search/label/Pierre%20Dufau 
http://archipostcard.blogspot.fr/2010/10/des-amis-fideles.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2009/11/de-lautre-cote-du-pont.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2009/07/grincer-les-dents.html