mardi 28 février 2017

Conférence sur Jean-Michel Lestrade

J'ai beaucoup de plaisir à vous informer que ce jeudi 2 Mars, je ferai une conférence intitulée  Jean-Michel Lestrade, ingénieur-Structures ou un humanisme précontraint à l'auditorium du Musée des Beaux-Arts de Rouen à 10h30.
C'est gratuit et ouvert à tous.
Cela sera la première occasion d'évoquer en public l'œuvre de cette personnalité trop oubliée de l'histoire de l'Architecture des Trente Glorieuses. Je tenterai de remettre en lumière ce parcours exceptionnel et pourtant discret de ce calculateur qui a permis aux architectes parmi les plus célèbres de son temps (Gillet, Candilis, Renaudie, Prouvé, Esquillan...) de réaliser dans le réel les espoirs d'une architecture humaniste et sociale.
Par bonheur, cette conférence se fera en présence de Jean-Jean Lestrade, arrière-petit-fils de Jean-Michel Lestrade avec lequel nous trions les archives de l'agence Lestrade dans l'espoir du montage d'une exposition sur l'œuvre de son aïeul dans les prochains mois.
Venez nombreux !
 

Toutes les infos pratiques ici :
https://fr-fr.facebook.com/events/1875100229380223/

dimanche 26 février 2017

Gagès et Prouvé font l'usine

Il me fallait pour reprendre après cet anniversaire, un objet digne de ce blog, digne de ce que nous défendons ici, digne aussi d'une architecture de collaboration forte et puissante entre un architecte et un ingénieur.
Avec Claude Parent, René Gagès fait partie des grands architectes que nous défendons ici. Je pense qu'il sera parfait pour reprendre notre travail. Architecte très bien ancré dans l'histoire de l'Architecture, il souffre pourtant d'un manque de visibilité de la part du grand public qui souvent arpente son travail sans savoir qu'il est œuvre de René Gagès. La gare de Lyon-Perrache, objet superbe et d'une rare intelligence, en est l'exemple type.
Aujourd'hui nous allons regarder cet objet :



Une carte postale bien modeste usant de tous les artifices de la colorisation délicate nous montre dans une paysage verdoyant un petit ensemble de constructions modernes très aplaties et franches. L'ensemble ne se veut ni un objet spectaculaire ni même un archétype de l'architecture d'usine. On devine une écriture judicieusement simple car pratique que l'architecte définit comme un désir de maintenir par la transparence une relation permanente entre le dedans et le dehors. Il semble également que jouant avec le topographie, l'architecte tente et réussit à faire une architecture paysagère dont l'implantation affirmera en quelque sorte la douceur.





Ce que ne dit pas la carte postale Combier de cette Usine Gambin à Viuz-en-Sallaz c'est que l'ensemble des transparences est l'œuvre de Jean Prouvé ! Il s'agit bien là d'un ensemble exceptionnel de l'ingénieur ayant offert à René Gagès le moyen de son expressivité.
On trouve dans l'ouvrage René Gagès, les chemins de la Modernité, deux photographies de cet ensemble et surtout un témoignage de René Gagès à propos de l'ingénieur que je me propose de vous donner à lire :





Qui aujourd'hui s'occupera de cet héritage mêlant l'un des plus grands architectes et l'un des plus grands ingénieurs ? Qui regarde encore, depuis le bord de la route ou dans l'intérieur de l'espace de travail ce qu'il y a là de beau, d'élégant, de simple ?

samedi 18 février 2017

Anniversaire ! 10 ans !

J'ai loupé une date importante !
Depuis le 29 janvier de cette année votre blog a donc 10 ans !
Joyeux anniversaire le blog !
En effet tout commença en 2007 avec une carte postale de La Grande Motte, ce qui m'étonne encore, car, sans doute on aurait pu s'attendre à une carte de Royan !
Mais depuis ! Que d'aventures ! Que de confiance aussi ! Et que de découvertes !
Suis-je épuisé par ces dix années ? Oui... Parfois. Il arrive que le sentiment d'avoir fait le tour de la question s'infiltre et puis surgit une carte, un détail, un correspondant pour que tout redémarre et j'ai aussi environ quatre à cinq mille cartes postales qui attendent...
Alors faisons le point chiffres : un million sept cent mille visites pointées par un post, ce qui laisse de la marge pour la lecture défilante... Deux mille deux cents articles... Deux volumes...
http://archipostcard.blogspot.fr/ et http://archipostalecarte.blogspot.fr/
Je n'ai pas le nombre d'images mais bon, avec une moyenne de deux ou trois par post...
Les meilleurs souvenirs ? Dans le désordre, quoique :
- Lire mon nom dans l'ouvrage de François Chaslin sur Le Corbusier. Un immense honneur.
- Rencontrer et partager avec Dominique Amouroux, l'auteur de notre guide d'architecture vénéré.
- La découverte du Fonds Bueb et la publication du livre. Spéciale dédicace à Julien Donada et à la famille Bueb si accueillante à notre projet.
- La résidence à Royan avec Thomas Dussaix et l'édition de mon livre sur Royan, ma grande fierté. Spéciale dédicace à Charlotte de Charette et Véronique Willmann.
- Bien évidemment, le classement de Sens et la joie d'avoir partagé un peu de ma vie avec Monsieur Claude Parent et sa famille. J'y ajoute la campagne pour Ris-Orangis inachevée. Spéciale dédicace à Viviane Rat-Morris.
- Le sauvetage de la bulle six coques avec toute l'énergie et l'amour autour. Spéciale dédicace à la famille Hérisson et à Manon Alberger.
- Ma rencontre avec Clément Cividino, son énergie passionnée, et sa certitude à faire de cette passion un moyen de sauver le Patrimoine mobilier et immobilier.
- Ma rencontre avec la Famille Lestrade et la confiance aiguë qu'ils me portent. Spéciale dédicace à Jean-Jean et Alvar.
- La rencontre avec le Comité de Vigilance Brutaliste dont je sais si peu de choses...
- L'exposition à Évreux, merci Emmanuel André et celle à La Forme au Havre avec Claude Parent, Thomas Dussaix et celle à Rouen sur l'invitation de Marc Hamandjian et Jean-Paul Berrenger.
- Toutes les conférences (beaucoup maintenant !), toutes les visites guidées, tous les articles, les interviews, les expositions, les films dont celui sur Royan...


- La chance de me laisser prendre le micro à Radio On et de faire ma Chronique Corbuséenne. Spéciale dédicace aux étudiants et à Philippe Langlois. Merci Philippe.
Merci à tous les donateurs, tous, ceux d'une seule carte postale ou ceux d'un paquet entier. Spéciale dédicace à Laurent Patart et Daniel Leclercq.
Merci aussi à tous ceux qui piochent dans mon Fonds, qui me demandent gentiment (ou non...) des images et qui ainsi prouvent chaque fois la validité des cartes postales comme documents historiques pour une compréhension pointue de la relation entre la photographie, l'architecture et la sauvegarde du Parimoine.
Merci aux éditeurs et à leurs photographes pour leur travail maintenant un peu mieux reconnu.
Ce blog se veut joyeux mais aussi citoyen. Chaque carte postale est un slogan, une preuve, une histoire et une tribune pour le sauvetage et la lutte pour la reconnaissance du Patrimoine Architectural du Vingtième Siècle.

Mais je voudrais faire un énorme merci, ÉNORME,  à celui qui me suit, me pousse, me porte. Celui qui relit dans l'ombre, qui corrige toujours avec une extrême patience (et il en faut...) tout ce que j'ai écrit. Sans le travail de Claude Lothier qui décide de mettre son propre travail de côté pour lire mes textes, sans son opiniâtreté, sans ses bras autour, toujours, rien ne serait.
Claude.... MERCI.
Tu es sans doute, de fait, le plus grand et le plus fidèle lecteur de ce blog. Mais tu es aussi par ton œil, ton analyse, tes décisions d'aller voir, ta certitude que les images nous portent, celui qui m'a le mieux permis de réaliser dix années d'écriture, de voyages, de combat.
Je te dédicace donc ces dix premières années. C'est de notre anniversaire qu'il s'agit.
Remerciez-le tous, chères lectrices, chers lecteurs, en allant par exemple voir son propre blog :
http://leblogdeclaudelothier.blogspot.fr/

Alors j'oublie sans doute plein de choses, de gens, de moments. Dites-le moi !
N'oubliez pas que ce blog est en deux volumes. N'oubliez pas que vous pouvez vous y abonner.
Quelle carte postale choisir pour un tel anniversaire ?
La dernière arrivée ? Une de Royan ? La première ? Je ne savais pas.

J'ai choisi une carte postale un peu particulière, qui parle de l'un des plus grands architectes français du Logement Social qui reste ma priorité.
J'ai choisi une carte postale représentant une œuvre majeure, un chef-d'œuvre absolu, une utopie humaniste, une leçon parfaite, un brutalisme utile et verdoyant.
J'ai choisi l'amour, l'homme, le paysage accompli par l'architecture.
J'ai choisi l'urbanité au lieu de l'urbanisme, j'ai choisi le plan au lieu de la surface, j'ai choisi l'altérité faite forme.
J'ai choisi l'architecte Jean Renaudie :



Cette carte postale un peu particulière est un dessin de Yves Orly pour Givors et les Étoiles de Monsieur Jean Renaudie. C'est une édition Combier réalisée semble-t-il spécialement pour en faire un entier postal et éditée pour l'affranchissement Premier Jour le 20 avril 1985 du timbre de ce quartier des Étoiles de Givors.
Le dessin de Yves Orly est bien des années 80. Il nous amuse aujourd'hui par sa manière de mettre un peu en retrait l'architecture. On dirait que le dessin vient d'un des premiers logiciels de retouche d'images ou de photocopies successives... C'est joyeux, tendre, presque fragile. Et c'est, pour ce dixième anniversaire, une parfaite représentation de l'architecture.
Vive l'architecture moderne et contemporaine !
Vive tous les citoyens qui se battent pour la sauver, la défendre, l'enseigner !
Allez-voir, battez-vous. Imaginez ! Imaginez ! L'architecture se parcourt, se visite, se rêve.
Et comme dit si bien Jules Verne cité par Georges Perec :

"Regarde ! De tous tes yeux, regarde !"

mardi 14 février 2017

Macumba, Macumba, elle danse tous les soirs





Le dancing, la boîte de nuit, la discothèque sont des lieux que j'ignore.
Je n'y suis jamais allé. Et je m'en porte très bien.
Pour combler ce manque de culture, quoi de mieux qu'une belle carte postale ?



En quatre vues, la carte postale des éditions de l'Europe nous donne l'occasion de visiter une fameuse discothèque devenue par son nom même un générique, un cri de ralliement et je le dis tout net la caricature parfaite de ce genre. À la prononciation de ce nom, ça sent la Renault 5 Lauréate empruntée aux parents le lendemain de l'obtention du permis de conduire, ça sent la 205 au tuning jamais achevé qui finira dans le fossé à 3h35, ça sent le gros mou bourré tentant de séduire la brune peroxydée habillée chez Prisu.
Vous voyez, j'adore mes images.





Il me suffit de voir ces éclairages faisant dans le sombre monter les rouges trop forts et les violets chics, de comprendre que tout est fait pour vous faire croire que la proximité appuyée des aisselles humides doit vous autoriser à payer une bouteille de Vodka dix fois le prix qu'elle coûte, d'entendre les tubes minables de Début de Soirée que seule la fête au camping pourra reprendre cet été pour que je me passe de la visite de ce genre d'endroit. Il avait fallu 1000 piscines pour couvrir le territoire de lieux de nage dignes, il aura fallu quelques Macumba pour que jeunesse se passe et fasse tourner l'industrie des alcools et des capotes finissant sur le trottoir.
Macumba, Macumba, elle danse tous les soirs...



Regardez !
Elle danse vraiment !
La jeune femme posant ainsi dans ce Macumba vide est ce qui me touche le plus sur cette carte postale.
On imagine sa vie, on imagine ce moment. Elle est arrivée un peu plus tôt que d'habitude, elle s'est maquillée dans une sorte de local triste sans fenêtre à l'arrière, elle est montée sur le podium et elle a fait des pas de danse sans musique car ce n'était pas nécessaire pour le photographe, dont d'ailleurs on ne sait rien. Elle finira la soirée vers une heure du matin, remplacée par son amie. Un copain viendra la chercher. Elle lui a promis d'arrêter ce métier cette année pour partir vivre à Nice et ouvrir enfin son salon. Elle économise pour ça depuis trois ans.
Dans l'ouvrage les années ZUP, Aurélie Pirotte nous trace l'histoire et la conception de cette franchise Macumba en insistant sur la pauvreté des matériaux qui serait comme contre-balancée par la forme originale, vendue alors comme une anti-boîte. Certes...
L'architecte est aussi le concepteur des aménagements, c'est Michel Petuaud-Létang qui dessinera donc aussi le design et la décoration de ses discothèques. Je vous laisse lire cet article. On retiendra que Aurélie Pirotte se pose intelligemment la question de la Patrimonialisation de ce genre d'objet qui souffre comme les piscines Tournesol d'être à la fois des objets édités à plusieurs exemplaires et d'avoir perdu, en quelque sorte l'aura moderne de son époque, étant devenu presque à rebours, un rien ringardisé par son caractère extrêmement populaire et surtout générationnel. Elle a raison. Le début de mon article en est la preuve. Faudra-t-il sauver un Macumba comme on a sauvé le bal de l'Aubette ?
Je vous laisse vous battre pour. À une époque où l'on confond Vintage et Patrimoine, tout est possible.
Il faudra oser porter un dossier à un Conservatoire Régional des Monuments Historiques qui aime la Modernité. Bon courage. Peut-être que si, avant le dépôt, on emmenait la Commission danser jusqu'au bout de la nuit au Macumba, avec un open-bar, on pourrait y arriver...
Attention au retour. Celui qui conduit, c'est celui qui ne boit pas...

à lire :
Les années ZUP
collectif d'auteurs
éditions Picard, 2002.


jeudi 9 février 2017

Première Classe préfabriquée

J'aime bien vous savoir aller en Safari depuis la lecture de mes articles !
Surtout quand vous me faites l'honneur de me le dire et de m'autoriser à publier vos photographies qui complètent parfaitement les articles.
Voici un bel exemple :

Bonjour
Voici les images prises cet après midi - inutile de publier les commentaires... Peut-on rêver mieux qu'une chasse au trésor par un après-midi d'hiver sous une pluie battante dans le Pas de Calais ?
Je n'ai trouvé votre adresse que dans un deuxième temps. Ce ne sont pas des Cartes Postales - juste des instantanés!
Les nouvelles d'Architecture de Carte Postale sont les bons moments de la semaine!
Continuez bien,











Monique qui tient à ce que nous la nommions foxfrom5.tumblr.com (ce que nous respectons !) a donc rendu visite à notre Cap Hôtel devenu un Première Classe. D'abord on est rassuré sur le fait que le bâtiment existe toujours, ce que Google avait confirmé, mais on est surtout heureux que cette visite nous permette aussi de voir d'autres images de ce site.
Alors, je vous laisse avec ces belles images, relire l'article et je vous souhaite à tous, prochainement j'espère, un joyeux séjour dans cet hôtel de Calais. Étant un fidèle client de celui du Mans, je suis certain que le Première Classe de Calais sera aussi accueillant.
Merci vivement encore à foxfrom5.tumblr.com et merci de ne pas copier ses images sans son autorisation, faut savoir être polis et conviviaux !

mercredi 8 février 2017

Je suis amoureux



- Jean-Michel, voici le courrier. Il y a une lettre du Maroc, je crois que c'est Hassan.
-Ah ? Merci Yasmina.
Jean-Michel, méticuleusement, ouvrit l'enveloppe d'un coup de lame rapide. Il aimait toujours le bruit que cela faisait. En effet, le courrier venait du Maroc, avait été expédié cinq jours avant. Il reconnut immédiatement la piscine et retourna la carte postale. Son ami Hassan lui écrivait depuis Sidi Harazem, depuis la somptueuse piscine circulaire de Zevaco. Jean-Michel se projeta d'un coup sur place, se rappela sa visite avec Mohamed de ce lieu magique. Hassan était leur guide et aussi un ancien ouvrier maçon qui avait travaillé avec le père de Mohamed. Ce détail, Mohamed ne le connaissait pas. Jean-Michel lui montrera la carte postale demain. Aucune mention à Yasmina qui, pourtant, avait bien connu Hassan. Jean-Michel regarda Yasmina qui vaquait à ses occupations matinales ne semblant pas touchée par ce détail. Jean-Michel se promit que demain il montrerait la carte postale à Mohamed et qu'il lui dirait qui était Hassan. Il posa la carte postale sur le bureau, bien en évidence, pour se rappeler d'en parler.
Jean-Michel et Yasmina n'eurent jamais l'occasion de revoir le Maroc.
Mohamed y retourna avec son fils Alvar quelques années plus tard.
Hassan serait à l'aéroport.




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Mon Denis,
Je suis amoureux. (de toi encore).
De toi encore.
Nous nous étions fait la promesse de tout nous dire alors je continue à tout te dire.
Il est venu la semaine dernière me voir à la fin des cours, il avait avec lui un livre sur les brouillards toxiques. Il voulait savoir si j'allais bien. Il est reparti aussi vite. J'ai regardé son dos. J'ai compris.
J'écris tout cela dans le carnet que tu m'as laissé. J'ai proposé l'argent à mon père pour faire le montage de l'expo sur mon arrière-grand-père. T'aurais vu leur tronche ! Je ne sais pas quoi foutre avec ton argent. Alors pourquoi pas. Mon père s'y refuse, étrangement c'est ma mère qui est pour.
Je t'ai pas dit. Il s'appelle Walid. Walid. Walid ça me fait marrer car je me dis que Walid je peux le lire comme valide. Tu vois où j'en suis.
J'ai rendu mes partiels. Pas terrible sauf mon texte sur Parent. Tu devineras facilement qui m'a aidé. Tout le monde est gentil avec moi, comme si du mou s'était installé entre eux et moi. Une prévenence prévenance, c'est comme ça que David m'a dit que ça s'appelait. Une prévenance. J'aime bien. Mais ça me fait mal aussi car je sais que c'est sur ton absence que ça se pose. Au début ça me faisait chier cette attente des autres de ma tristesse.
Dis-moi que d'une manière ou d'une autre, tu reviendras.
Walid te ressemble. Pas physiquement. Mais par sa manière de me laisser de l'espace. Il sent bon.
Il me dit tout le temps : "comme tu veux". Des fois c'est pénible.
Il faut qu'on fasse un projet de réhabilitation. J'ai choisi un truc déjà démoli. La halle de Fontainebleau. Avec Walid, on va sur place, vendredi. On verra jusqu'où on ira. Je te dirai. Je te dis tout.
Je suis amoureux.
Jean-Jean.
PS : ci-jointe, une carte postale envoyée par Gilles et Mathew.
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Carte postale des éditions Alfred Mainzer.

Tu avais raison. Pas si facile de trouver une carte postale du World Trade Center à New York aujourd'hui. Celle-ci chinée dans un Yard-Sale, au petit matin, hier. Mathew a aussi chiné un grand mug Chewbacca qu'il te donnera au retour en mars. Sois patient ! Bises de nous deux. Gilles et Mathew.

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samedi 4 février 2017

Jean Prouvé ? Non ! Philippe Ollier bien sûr et sa chargée de com !

Les mots empilement, boîte, préfabriqué, léger, sont des mots qui peuvent être pris par l'histoire de l'architecture comme des qualités ou par la critique populaire comme des défauts.
Souvent associés à des défauts qui vont d'un manque d'humanisme à des errements esthétiques, ces mots sont pourtant portés par les architectes comme preuve d'une compétence de la structure, de l'économie d'échelle, de pratique du chantier, voire même pour certains héros modernes tel Jean Prouvé comme un absolu total à atteindre montrant dans leur conjugaison, l'intelligence du matériau et de l'architecture.
Voici un exemple qui a le mérite de dire son héritage, non pas tant dans sa forme, que par la formation de celui qui en est à l'origine :



Cette carte postale que Martin Parr aurait bien facilement rangée dans son classeur Boring, nous montre en vues multiples le Cap Hôtel de Calais dont on reconnaît au loin le beffroi ce qui n'est pas un hasard de la photographie.



Il s'agit bien évidemment d'une carte postale promotionnelle, certainement offerte aux résidents pour promouvoir l'hôtel. En trois vues, une de l'extérieur et deux de l'intérieur, la carte postale veut chanter les qualités modernes du lieu. Belle chambre spacieuse et moderne que le téléphone et la télévision affirment, convivialité paysanne de la salle des repas aux chaises de paille et de bois et modernité du paquebot posé dans la ville, paquebot bleu bien visible que les lignes arrondies et la polychromie rendent joyeux. On notera que l'ancre de Marine et le nom de l'hôtel Cap Hôtel doivent finir de chanter les joies du voyage, du déplacement et de la halte moderne.
Oui.





Mais ce que ne dit pas la carte postale qui ne nomme pas l'architecte Philippe Ollier, c'est que cet hôtel de 48 chambres tout confort est un vrai challenge technique, une vraie aventure du préfabriqué que l'histoire de l'architecture semble avoir un peu oubliée.
Pourtant, grâce à nouveau à une revue, Architecture Intérieure CREE en l'occurrence, on retrouve l'histoire et le projet dans un article très très détaillé !
On voit dans l'article que le challenge tient à faire avec économie le meilleur possible en inventant un nouveau type de couchage et de halte pour une clientèle moins touristique que d'affaires. On voit aussi comment on y chante la technique de construction, comment la préfabrication y est détaillée, comment même Jean Prouvé dont Philippe Ollier fut l'élève devient une caution à ce type de construction. On empile des boîtes toutes faites, égales, pratiques, économiques donc en un lieu, avec une densité d'autant plus aisée que le Meccano est bien conçu et surtout confortable du moins pour ces espaces d'une nuit et non d'un séjour long. J'approuve.
Nous trouvons dans cet article tout le vocabulaire de la préfabrication et ses images toujours spectaculaires : un chantier sec, des camions qui apportent des modules tout prêts à être posés, des grues qui les posent... On y trouve aussi l'héritage d'une grande rationalisation comme chez Charlotte Perriand aux Arcs. On reconnaît ça !
Alors si l'histoire de l'architecture doit retenir les expériences, les évolutions, tenir tous les programmes, toutes les tentatives surtout celles qui sont ainsi expérimentales et rares mais aussi réussies, il serait sans doute bien de maintenir dans le réel de nos rues les constructions de ce type. Il ne servira à rien de faire de Jean Prouvé une sorte de demi-dieu tutélaire si, en aucune manière, on ne sauve également son héritage, héritage juste ou moins juste, ayant retenu la leçon du Maître pour nos nuitées économiques.
Sauvons le Cap Hôtel de Calais ! Vite !
Si l'on en croit la Google Car, le Cap Hôtel est toujours debout, triste sans ses atours colorés, mais bien là. Allez ! Je vous laisse partir en Safari, les suiveurs ! Je suis certain que d'imprécisions en mauvaise copie, on finira, comme pour la barre Le Couteur du Mans que tout le monde croit de Le Corbusier, par lire et entendre que c'est Jean Prouvé lui-même qui a construit cet hôtel de Calais. Je me réjouirai alors de ce glissement tout en n'oubliant pas Philippe Ollier, son vrai inventeur et architecte... Dans une période du mal logement, dans une période où les migrants sont emboîtés dans des containers, il ne serait sans doute pas idiot de revoir cette histoire et cette leçon, de repenser cette réponse et ce mode constructif. Je vois dans l'image rêvée d'une péniche sur la Seine, pas loin de la Tour Eiffel, à la fois l'héritage de la péniche de Le Corbusier pour l'Armée du Salut et un espoir que l'on puisse ainsi accueillir des S.D.F ou des migrants dans la capitale de la France. On rêve.
Merci de ne pas copier ces documents, ni de les recadrer, sans mon autorisation ! Capito ?
L'article de la revue datée de 1984 est signé Odile Fillion mais ne nomme pas son photographe ni son dessinateur. Dommage mais merci à eux tous.

Dernière minute :

j'ai supprimé toutes les images de cet article sous la pression charmante d'une dame qui signe V.L. et reste anonyme. On comprend, moi je signe mes articles de mon nom.
(voir les commentaires en fin d'article)
Ce blog a pour vocation de faire connaitre et reconnaitre des architectes et des architectures un peu oubliées qui, pourtant par leur intelligence et leurs valeurs expérimentales ont échappé un peu, souvent, à la grande Histoire de l'Architecture. Il me semble que mon article est plus que positif sur le travail de Philippe Ollier. Il m'arrive de faire des erreurs car je ne suis pas une machine et une erreur de prénom est une chose bien banale qui arrive d'ailleurs aux éditeurs de cartes postales et même aux journalistes de presse spécialisée. Rien de très grave, donc, je corrige et même souvent, je m'amuse avec vous, mes lecteurs de mes erreurs. Le ton du courrier de cette chargée de communication de l'architecte en dit long sur la tension historique de l'attribution d'une architecture et de la perte possible dans les limbes de l'Histoire de cette expérience. Je comprends. Les blancs qui remplaceront donc maintenant les images supprimées sont mon honneur, leur silence sera ma réponse. Après tout, il y a suffisamment d'architectes, de famille d'architectes, d'éditeurs, de photographes de cartes postales, de famille de photographes heureux de se voir présentés et représentés ici et qui me le font savoir pour que nous oublions, chers lecteurs, sans remord ceux qui se croient investis d'une mission de communication procédurale.  
Bon vent Cap Hôtel ! Retourne dans l'oubli. C'est dommage, tu méritais mieux sans doute.
Je conseille à Madame V.L de relire mon article, de voir comment je défends l'architecture de son oncle, je demande même qu'on la sauve. 
C'est dire comme je suis affreux, affreux, affreux....
Et comme j'ai, de droit, la possibilité de dire, en tant que critique de l'architecture ce que bon me semble d'une architecture, je continue de penser et de croire que celle de Philippe Ollier est une belle et intéressante architecture. 
Je ne sais pas être méchant, que voulez-vous...