samedi 14 octobre 2017

C'est ma cité



Frédéric en 1971 envoie à SBE ( Sébastien ?) une carte postale de Nanterre, de la Résidence des Fontenelles. Il choisit une carte postale Abeilles-Cartes pour Lyna (éditeurs écrivez-moi !) dont malheureusement le photographe reste anonyme.
Pourtant, nous aurions beaucoup aimé discuter avec lui de son choix de point de vue et surtout comment il y avait accédé. On imagine la discussion avec l'habitant...
En effet, il ne fait aucun doute que nous sommes en hauteur et donc que le photographe projette son appareil photo dans le vide d'un immeuble pour saisir les espaces, les canyons entre les tours. Et l'air de rien, cela peut permettre tout de même d'analyser l'urbanisme, de saisir ainsi finalement le facteur de densité des constructions laissant entre elles du vide qui offrira à l'œil une régalade de perspectives et évitera le vis-à-vis de la rue au profit d'espace libéré au pied desdites tours. Que l'œil du photographe puisse glisser ainsi entre les architectures dont la multiplication implacable et sereine appuie finalement la beauté est l'une des avancées objectives de ce Hard French si souvent décrié. Telles des sculptures minimales puissantes, offrant l'air et la vue, les tours sont des objets de vision. On aimera aussi puisque la couleur est là, le jeu simple des façades rayées verticalement, alternant gris et blanc, pour étirer un peu vers le haut ces tours tout de même un peu massives. On regrettera aussi peut-être la manière dont ces volumes tombent sur le sol sans remords. Pour ma part, au-delà des questions de l'habitat, j'aime que le bloc se pose ainsi. Mais il faut avouer que beaucoup des chances de cette architecture tiennent dans les hauteurs, dans l'élévation et que les premiers étages doivent perdre les plaisirs du vol en plein ciel.
Alors je ne regrette pas que Frédéric ait écrit au stylo-bille sur sa carte postale. Loin de la dénaturer, cette inscription est une affirmation solide, joyeuse, presque fière de l'endroit où l'on vit, comme le signe évident que le plaisir de la carte postale vient aussi de pouvoir s'y situer.



Je trouve alors une autre carte de la même Résidence des Fontenelles, toujours par l'éditeur Lyna. Une fois encore le photographe n'est pas nommé. Ici, il choisit le sol du parking, il est piéton et une fois encore il cadre large pour que sans doute le plus possible de tours entrent dans le cadre. La massivité ici semble plus forte, les constructions s'affirment plus comme des blocs posés à distance laissant le ciel tomber jusqu'en bas. Une fois encore je veux souligner l'importance des stores comme moyen de ponctuer les façades de couleurs qui tranchent judicieusement avec le gris des peintures.




Personne.
Les arbres tout frêles encore de leur jeune âge ne donnent pas d'ombre, le skaï des banquettes des autos devaient cuire les fesses des automobilistes.
Sur aucune de ces deux cartes postales n'est inscrit un jugement négatif sur cette architecture. Je n'en tire aucune conclusion, vous le ferez pour moi.

Petit rappel : à Nanterre, une menace de défiguration des Tours Nuages d'Émile Aillaud est en cours. Après le scandale de l'abandon de l'école d'architecture de Nanterre, il semble qu'à nouveau cette ville laisse son Patrimoine Moderne et Contemporain se détériorer et perdre son identité visuelle et architecturale. Combien d'outrages la ville de Nanterre a-t-elle l'intention encore de produire ? Que font les agents locaux de la protection du Patrimoine ? Que pensent Madame Nyssen et son copain Monsieur Hulot du saccage de l'Architecture Moderne par les nouvelles normes énergétiques ?
En attendant, signez la pétition contre ce nouveau massacre :
https://www.change.org/p/madame-la-ministre-de-la-culture-tours-nuages-de-nanterre-arrêtons-le-massacre
http://www.sppef.fr/2017/10/05/petition-tours-nuages-de-nanterre-arretons-le-massacre/

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